Pour dessiner les plans d'un bâtiment d'enseignement à Ollainville (Essonne), l'architecte Boris Schneider s'est référé à deux de ses maîtres en la matière : Hans Scharoun (1893-1972) et Louis Kahn (1901-1974), respectivement auteurs de la Geschwister-Scholl-Gesamtschule à Lünen (Allemagne) et du Salk Institute for Biological Studies à La Jolla (Etats-Unis). Il n'a pas copié ces œuvres originales, construites au début des années 1960, mais réinterprété leurs formes organiques et géométriques dans un nouvel édifice, le groupe scolaire Claudine-Hermann, ouvert à la rentrée de septembre 2024.
« L'organisation de l'établissement se fonde sur le principe d'un village pédagogique avec ses rues et ses placettes, indique le fondateur de l'agence SAM Architecture. Les dix classes - quatre maternelles et six élémentaires - sont positionnées sur la parcelle comme les maisons d'un lotissement. » Elles sont desservies par un couloir surdimensionné qui ne sert pas seulement de circulation et de vestiaire, ainsi que le demandait le programme, mais également d'espace exploitable par les instituteurs et leurs élèves.
« Ici, les classes n'adoptent pas la géométrie habituelle en rectangle, mais en pentagone », explique l'architecte, rappelant ainsi le système alvéolaire développé par Hans Scharoun. Cette figure permet une multitude de dispositions des tables et des chaises à l'intérieur. Et à l'extérieur, elle délimite de grandes alcôves où peuvent s'organiser diverses activités pédagogiques, à l'interface entre la salle d'enseignement, la circulation et la cour.
Le maire d'Ollainville, Jean-Michel Giraudeau, relate qu'au début, élus, instituteurs et parents étaient surpris par cette architecture qui interpelle par son mode de fonctionnement inspiré d'écoles d'autres pays : « Nous n'étions pas habitués à avoir un établissement aussi ouvert. Aujourd'hui, même s'il y a une soixantaine de portes et de fenêtres à contrôler chaque soir, les retours sont plutôt positifs. Les utilisateurs apprécient de travailler dans cet endroit extrêmement spacieux et lumineux. Nous ne regrettons donc pas d'avoir porté notre choix sur ce projet singulier. »
Une vérité constructive assumée
Des cinq parois que compte chaque classe, une seule est vitrée. Les autres sont en béton. « A la manière de Louis Kahn, j'ai laissé les voiles apparents pour qu'on voie ce qui a servi à construire l'édifice, observe Boris Schneider. Et s'il est taxé de brutaliste, je l'accepte. Car en multipliant les couches de matière, je crains de ne plus maîtriser la substance de l'architecture qui tient à sa structure. » Les murs, qui se prolongent quelque peu à l'extérieur, encadrent des courettes où les enfants peuvent se réunir par petits groupes ou bien s'isoler. Des casquettes en béton les protègent du soleil côté sud. Suivant le point de vue, le bâtiment présente une façade tantôt opaque, tantôt translucide. La même règle de composition s'applique aux deux constructions - l'une dédiée à la restauration et l'autre à l'accueil périscolaire - qui complètent le programme.
L'équipement atteindra sa pleine capacité dans plusieurs années, le temps que la SEM du Val-d'Orge (Sorgem) finisse d'aménager la ZAC des Belles Vues, située à cheval entre Ollainville et Arpajon, et que les familles emménagent dans les quelque 1 000 logements prévus (lire « Le Moniteur » du 4 avril 2025, p. 60).
« Le fait de livrer le groupe scolaire Claudine-Hermann en parallèle des premiers appartements n'était pas évident, remarque Arthur Loizon, chargé d'opération à la Sorgem. Ce choix a représenté un effort financier conséquent, puisque nous n'avons pas attendu la vente d'une part importante de la charge foncière avant de lancer le chantier. Il a permis d'accueillir les enfants du quartier, mais aussi ceux d'ailleurs, dont les écoles peuvent ainsi être rénovées. Un exercice complexe, mais exemplaire. »
Informations techniques
Maître d'ouvrage : Sorgem.
Maîtrise d'œuvre : SAM Architecture, (architecte), Emma Blanc (paysagiste), Bollinger + Grohmann (structure), Choulet (fluides), Altia (acoustique), Loizillon Ingénierie (économie).
Principales entreprises : CRB (gros œuvre), Girard Ouvrages Bois (charpente), Sarmates (couverture), DH Rénovation (menuiseries extérieures), Feldis et Leviaux (cloisons, doublages, faux plafonds, sols), Bati-Inov Concept (menuiseries intérieures).
Surface : 2 516 m² SP.
Coût des travaux : 8 M€ HT.