Le Grand Paris des terres excavées entre en débat

La chaire Valorisation des terres urbaines de l’Ecole d’ingénieurs de la ville de Paris a mis en scène deux habitués de la grande échelle, dans la transformation des métropoles : Antoine Grumbach et Henri Bava ont discuté des opportunités de projets offertes par les 15 millions de m3 de terres excavées chaque année en région parisienne, ce 22 novembre en fin de journée.

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Chaire terre
L'Ecole d'ingénieurs de la ville de Paris catalyse le débat, grâce à sa chaire Valorisation des terres urbaines.

« Quatre pyramides de Kheops par an, auxquels s’ajouteront les terres excavées du chantier du métro du Grand Paris pendant les 15 prochaines années » : Antoine Grumbach pose l’enjeu et savoure sa joie de pouvoir transformer des montagnes de boue en œuvre d’art métropolitaine, sur huit installations de stockage de déchets inertes (ISDI) qui composent un cercle autour de la capitale.

Henri Bava : « Partir du contexte »

Complice du Land Artiste et exploitant du gisement, l’entreprise ECT sponsorise la chaire Valorisation des terres urbaines de l’Ecole d’ingénieur de la ville de Paris, organisatrice du débat qui met en scène Antoine Grumbach et Henri Bava, dans un webinaire d’une heure, ce 22 novembre.

Plutôt que la joie, ce dernier laisse transparaître une pointe d’irritation : « Nous ne sommes pas des plombiers environnementaux », s’exclame l’associé de l’agence de paysage TER, président du conseil d’administration de l’Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles et président de la fédération française du paysage, dans le premier round de la joute.

« Tu pars de la quantité pour arriver à la qualité. Les paysagistes font l’inverse. Pour eux, tout commence par l’inscription dans un site et dans un contexte », martèle Henri Bava. Allergique à l’idée du geste monumental comme préalable au projet, il défend « le travail sur l’étendue, l’interrelation, la mise en tension entre éléments déjà là ». Aux logiques descendantes et brutales, il oppose l’ambition de parler à l’imaginaire des usagers.

Antoine Grumbach : « Partir de la loi »

Mais Antoine Grumbach ne s’en laisse pas conter : « Tu rêves ? Dans la réalité, il existe des lois qui organisent la traçabilité des terres inertes considérées comme des déchets, jusqu’à des sites classés pour les réceptionner », rappelle l’urbaniste co-lauréat de la consultation sur le Grand Paris lancée en 2008 par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. La ressource mérite d’autant plus l’intérêt à ses yeux que la réglementation génère un modèle économique, en facturant les dépôts de terre aux émetteurs.

Finalement, Antoine Grumbach et Henri Bava sont tombés d’accord : le gisement constitue bien une ressource et une opportunité pour les paysagistes. Mais l’effet d’aubaine ne peut tenir lieu de méthode de conception urbaine à reproduire.

Piste wallonne

« Diversifions les solutions, par l’intermédiaire des pouvoirs publics, par exemple la région Ile-de-France et son agence des  espaces verts », a proposé Bernard Landau, architecte et enseignant à l’EIVP. « Pourquoi pas un atelier de territoire, comme en organise régulièrement le ministère de la transition écologique » ?, interroge Henri Bava.

Sur la méthode, le prochain webinaire de la chaire pourrait suggérer des pistes de consensus : rendez-vous le 30 novembre à 17 h 45 pour évoquer les terres excavées de Wallonie.

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