Ci-dessous, le court-métrage : «Rue de Ménilmontant», par Sekiguchi Ryoko…
«Je descends la pente de la rue Ménilmontant à trottinette (non électrique, précisons-le).
À chaque fois que je m’engage sur cette pente, une date me traverse l’esprit, le 24 octobre 1776 et l’attente secrète du drame à venir, que je pourrais sans doute croiser le chemin.
J’imagine un homme en train de descendre cette pente. Je crois presque le voir de dos, devant moi, le pas tranquille.
Voici ce qu’il a écrit :
J’étais sur les six heures à la descente de Ménilmontant presque vis-à-vis du Galant Jardinier, quand des personnes qui marchaient devant moi s’étant tout à coup brusquement écartées je vis fondre sur moi un gros chien danois qui, s’élançant à toutes jambes devant un carrosse, n’eut pas même le temps de retenir sa course ou de se détourner quand il m’aperçut. Renversé par le chien, l’homme a perdu connaissance et s’est cassé la mâchoire supérieure, se blessant gravement.
Je ne puis emprunter la rue Ménilmontant sans penser à Jean-Jacques Rousseau sur qui s’est abattu ce malheur.»
Sekiguchi Ryoko est née en 1970. Écrivaine, poétesse et traductrice, autrice notamment de Manger fantôme (Argol, 2012), Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter (P.O.L., 2018), Sentir (JBE Books, 2021), ou 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent) (P.O.L., 2021).
Une collection réalisée par Stefan Cornic, concepteur de la série, et produite par Année Zéro et le Pavillon de l'Arsenal en partenariat avec La Métropole du Grand Paris, La Caisse des Dépôts et Enlarge Your Paris.