«La Porte d’Orléans est une pellicule de croûte terrestre située sur le 48e parallèle Nord et le 2e méridien Est. Le long de ce méridien court une nationale qui rejoint Paris à l’Espagne et qui se nomme ici l’avenue du Général-Leclerc. Sa silhouette longiligne, seul monument de la Porte, domine l’entrée de l’autoroute A6, le périphérique, et un parking souterrain à trois niveaux. Le seul avantage d’habiter une porte est de pouvoir sortir de la ville rapidement. Le Général veille aussi sur le square du Serment-de-Koufra, ville de Lybie où ses troupes jurèrent de libérer la France. Je l’ai longtemps appelé «le square de la dépression» car mes enfants aimaient y jouer et je m’y suis beaucoup ennuyée. Il était doté des meilleurs toboggans du quartier, d’un dynamique marché de la drogue, et de l’air le plus pollué de la Rive Gauche. Ici ce n’est plus vraiment Paris et pas encore tout à fait la banlieue. Les bistros ont un air anonyme et vacant, comme le Corentin, qui existait déjà dans les années 1950 et qu’évoque Patrick Modiano, avec son père s’éloignant à jamais vers Montrouge, et leurs rendez-vous manqués dans les Zeyer, Rotonde et Terminus de cet arrière-pays […]». Marie Darrieussecq
«La Porte d’Orléans» se présente comme une déambulation dans le quartier où réside l’écrivaine, le long du deuxième méridien Est, un coin où ce n’est plus vraiment Paris et pas encore tout à fait la banlieue.
Marie Darieussecq a notamment écrit : «Truismes» (P.O.L, 1996), «Tom est mort» (P.O.L, 2007), «Il faut beaucoup aimer les hommes» (P.O.L, 2013, prix Médicis), «Notre vie dans les forêts» (P.O.L, 2017) et «Pas dormir» (P.O.L, 2021). Elle a également traduit «Une chambre à soi» de Virginia Woolf en «Un lieu à soi» (Denoël, 2016) et contribue à de nombreux livres d’art comme «Être ici est une splendeur» sur la peintre Paula Modersohn-Becker.
La semaine prochaine : «Apollo Minor» par Patrice Blouin…
Films co-produits par Le Pavillon de l'Arsenal et Année Zéro.