Promoteur, constructeur mais aussi industriel spécialisé dans la construction hors-site, GA Smart Building axe aujourd’hui son activité sur l'immobilier d'entreprise neuf, l'immobilier rénové, l'immobilier résidentiel et les équipements publics. Pour fournir les solutions pour ses projets, le groupe s’appuie sur sa « plateforme hors-site », son outil industriel constitué d’Ossabois (bois), Prega (béton), Paquet Fontaine (façades) et Equilab (bâtiment intelligent).
Mais ces entités ont également une activité hors-groupe relativement importante. Et Prega s’est même orientée depuis trois ans vers des ouvrages préfabriqués en béton bas carbone à destination des TP et du génie civil. « Historiquement Préga se consacrait au bâtiment et uniquement pour les projets GA », raconte Kader Guettou, directeur général du groupe toulousain. « Au fil du temps, son expertise a été reconnue jusqu'à devenir un acteur de la production d'ouvrages préfabriqués béton pour d'autres entreprises de construction qui lui achètent des ouvrages de façade, des ouvrages complexes de structure. Il s’est avéré que, pour la partie bâtimentaire, l’organisation de Prega, avec un bureau d’étude intégré et son outil industriel, situait l’entreprise à un niveau très qualitatif, très exigeant en termes de précision et de technicité pour réaliser des ouvrages « à façon », différents de bâtiment à bâtiment et, surtout, plus complexes. Nous avons remarqué que ce savoir-faire était assez proche des attentes du marché des travaux publics et du génie civil, qui requiert un niveau de qualité des ouvrages béton préfabriqués - qualité du ferraillage, des plans, de la précision géométrique, qualité des bétons, etc - effectivement supérieure à celui qui est attendu dans le bâtiment. Nous avons donc trouvé là un « terrain de jeu » assez propice », poursuit-il.
Ajustements
Cette nouvelle approche a néanmoins demandé quelques ajustements : « Nous avons poussé certains investissements sur la partie ferraillage pour aller chercher des normes spécifiques aux TP et au génie civil », éclaire Kader Guettou. « Ca nous a amené aussi à accélérer encore sur la décarbonation en termes d’innovations et de R&D (voir encadré). Je pense notamment aux voussoirs du métro de Toulouse pour lesquels les exigences étaient très élevées en termes de béton bas-carbone. Quant à notre infrastructure industrielle, elle a été jusqu’à présent suffisante pour répondre aux besoins, même si ce sont des ouvrages lourds avec des poutres qui font 20 tonnes, etc. Aujourd'hui nous pouvons répondre à toutes les problématiques de levage par exemple.»
Pour son béton bas-carbone, GA Smart Building travaille avec sa propre R&D - « il y a quelques années nous avons mis en place une thèse, un doctorant, sur le sujet avec l’Insa Toulouse qui nous a permis d’avancer », rappelle Kader Guettou – et avec les cimentiers. Particulièrement avec Lafarge. Ainsi, la centrale béton de l’usine Prega de Normandie alimente à la fois propre production de GA et produit du BPE pour Lafarge. « Nous avons des accords un peu privilégiés avec eux qui nous ont permis d’accéder à des formulations de ciment avant tout le monde et de pousser de l'expérimentation en usine avant tout le monde sur les CEM II, III, IV, etc. », révèle le directeur général de GA. « Nous avons notamment pu mener des essais et pousser l’innovation sur le béton bas-carbone pré-contraint que nous pouvons aujourd'hui réaliser dans nos usines », se félicite –t-il. Enfin, GA suit, échange et travaille avec toutes les « start-ups » qui oeuvrent autour des substituts au clinker, notamment les argiles calcinées. La récente obtention par le ciment sans clinker H-UKR de Hoffmann green Cement technologies d’un avis technique pour les bétons structurels, pourrait-il susciter l’intérêt du groupe toulousain ? « Nous suivons effectivement leurs avancées », reconnaît Kader Guettou. « Mais il reste des sujets autour des normes qui restent quand même assez complexes », conclut-il.
Aller chercher de la croissance
Voussoirs de tunnels, poutres et dalles de ponts, ouvrages de quais maritimes, GA multiplie les projets fabriqués dans les trois usines Prega de Labège, près de Toulouse, Criquebeuf-sur-Seine, au sud de Rouen et Sainte-Croix-en-Plaine, à proximité de Colmar. « Ce triangle nous permet d'irriguer assez bien le territoire », se félicite Kader Guettou. Le poids carbone du transport est largement compensé selon lui. « Nous avons fait des études comparatives entre un chantier réalisé hors site et un chantier réalisé de manière traditionnelle. Il s’avère que sur la partie transport, on réduit d’à peu 30% l’impact du carbone quand on fait du hors-site. Parce qu’on ne transporte les matériaux assemblés qu’une fois », explique-t-il.
Si le bâtiment représente toujours 50% de l’activité de Prega, les TP (30%) et le génie civil (20% en récurrent) pèse donc la moitié restante. « Mais l’idée n’est pas d’effectuer un basculement du bâtiment vers les TP et le GC », prévient Kader Guettou. « Le but, c’est d’aller chercher de l’activité complémentaire et donc de la croissance.»