Le gazon urbain marque des points en milieu hostile

De nouvelles espèces de gazons facilitent l’enherbement et le changement de statut de surfaces urbaines arides et délaissées. Une table ronde animée par Paysage Actualités, le 17 février au salon du Végétal d’Angers, a permis de mesurer la portée de ces innovations.

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Voirie de tramway.

« Zéro phyto, ça se construit »… Par cette formule lâchée à la table ronde sur les gazons urbains, le 17 février au salon du végétal d’Angers, Michaël Paris a résumé plus de 10 ans d’expérience au sein de l’association Aqui’Brie. Paysagiste de formation recruté en 2002 par cette association dédiée à la préservation de la nappe aquifère de Champigny, ce diplomate de l’écologie urbaine mène un travail discret auprès de centaines de communes, essentiellement des villages de l’Est de l’Ile-de-France, situés au droit d’une réserve qui contribue à l’alimentation en eau potable de plus d’un million d’habitants. Vacciné contre les remèdes miracles, Michaël Paris a néanmoins acquis quelques convictions, dont celle-ci : « Mieux vaut tondre que désherber ».

Innover dans la durée

Transformer une surface délaissée en un terrain engazonné améliore le statut de l’espace public et diminue la pénibilité du travail d’entretien, à condition de choisir des espèces ou des variétés adaptées à des milieux hostiles. Pour l’aider dans ce travail de sélection, Aqui’Brie bénéficie des conseils de DLF France. Egalement représenté à la table ronde animée par Paysage Actualités pour la Société française du gazon, le leader français et mondial des semences pour gazon possède, lui aussi, la culture du travail dans la durée : « Quinze ans séparent une idée et un produit homologué et commercialisable », témoigne le sélectionneur Christophe Galbrun, inventeur des ray grass anglais tétraploïdes, adaptés à des sols et à des climats difficiles.

Hôte du salon du végétal, la ville d’Angers témoigne également des succès issus d’une politique constante, sur une dizaine d’années : « Sur la base d’une première expérience pilote, nous avons invité chacun des responsables de nos huit secteurs géographiques à proposer des sites susceptibles d’évoluer vers le zéro phyto », témoigne Christian Griffon, ingénieur au service des parcs et jardins. La démarche a convaincu les élus de dégager les crédits d’investissement qui ont abouti à la création de 5 hectares de surfaces engazonnées, y compris dans des cimetières.

Accepter le jaunissement

Les espèces rustiques adaptées aux milieux hostiles posent la question de l’acceptabilité sociale du jaunissement : Plante & Cité s’y est trouvé confronté, lors de son étude sur le retour d’expérience des voies vertes des tramways urbains.  Les expérimentations conduites par l’organisme technique ont mis en évidence les gisements d’économie d’eau induits par le recours au pilotage tensiométrique (apport d’eau proportionnel aux besoins à l’aide d’une sonde) : alors que la moyenne constatée atteint 1 m3 par m2 et par an, cette technique peut réduire les consommations d’un facteur 10. Cette perspective n’a pas suffi à tarir la soif de débats parmi les professionnels du gazon urbain : « Quid des surfaces impeccables requises dans les quartiers prestigieux des centres ville historiques ? », s’interrogeait un participant. Jean-Marc Lecourt, président de la société française des gazons, retient l’idée pour un prochain débat.

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