Interview

"Le comité de crise du BTP produit ses effets, les comportements changent", Pierre Pelouzet

Les membres du comité réunis ce 5 octobre ont lancé un appel à tous les acteurs du secteur afin de faire remonter des informations relatives aux comportements observés en ce contexte de fortes tensions sur les matières premières. Une médiation de filière est lancée pour émettre un guide ou charte de bonnes pratiques d'ici à la fin de l'année. Le point avec Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises et président du comité de crise du BTP.

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Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises et président du comité de crise du BTP

Comment fonctionne le comité de crise BTP que vous présidez ?

Depuis sa création mi-juin, il s'est réuni à quatre reprises. Il rassemble les organisations professionnelles de la filière (1) et, à chaque fois, tout le monde vient, preuve de l'intérêt du dispositif ! Le premier objectif est de partager les informations sur la crise des matériaux et ses conséquences, chaque organisation disposant d'un petit bout d'information. Puis de faire remonter les cas d'acteurs qui ne jouent pas le jeu de la solidarité.

Quel est le ressenti exprimé par les professionnels sur le contexte économique actuel ?

Le sentiment unanime qui s'est dégagé de notre réunion du 5 octobre est que l'on a atteint un plateau : les prix ne montent plus. En revanche, les acteurs n'entrevoient pas de baisse à court terme, à l'exception peut-être du prix du bois pour lequel des premiers frémissements apparaissent, avec notamment la détente du marché nord-américain.

La situation est toujours difficile : chantiers retardés, nécessité de modifier les plans des ouvrages, etc.

Le comité de crise commence-t-il à produire ses effets ?

Oui ! Le deuxième objectif de cette instance est de faire remonter les mauvais comportements des grosses structures - entreprises ou personnes publiques. Les organisations professionnelles expliquent que la seule création du comité a suffi à faire évoluer les pratiques d'un certain nombre d'acteurs. Des clients qui maintenaient la pression sur les délais d'exécution, appliquaient des pénalités de retard..., acceptent à présent de jouer le jeu, d'étaler les délais, revoir les prix, ne pas pénaliser les entreprises. Et quand des acteurs sont pointés en comité de crise, je prends mon téléphone pour leur parler, et en général cela fonctionne ! C'est pourquoi les membres du comité ont souhaité publier un communiqué de presse le 6 octobre, pour affirmer que celui-ci produit les effets voulus.

Et, pour les cas individuels, concernant notamment des plus petits acteurs, le dispositif de médiation offert par la Médiation des entreprises peut toujours être mis en œuvre - et il l'est.

Nous voulons aussi mettre en valeur les donneurs d'ordres qui se comportent très bien. Pour l'instant, nous n'avons pas assez de remontées en la matière. C'est pourquoi nous lançons un appel à toute la profession pour nous communiquer les noms des acteurs solidaires.

Les maîtres d'ouvrage publics apparaissent-ils comme plus vertueux, compte tenu des consignes données par le gouvernement ?

Pour être très transparent, c'est variable. L'exécutif ne peut donner de consignes qu'aux acheteurs de l'Etat, et ceux-ci les appliquent. La situation est plus contrastée chez les collectivités [que le gouvernement ne peut qu'inviter à respecter les bonnes pratiques, NDLR] : certaines n'ont semble-t-il pas eu connaissance de la circulaire [du 16 juillet 2021, NDLR], d'autres n'ont pas forcément les capacités et ressources pour aller en ce sens.

Une médiation de filière a par ailleurs été lancée lors de cette réunion du 5 octobre, en quoi cela consiste-t-il ?

Il s'agit d'amener les organisations professionnelles à réfléchir ensemble à des règles de vie communes. Nous les avons appelées une par une cet été afin de commencer à collecter des bonnes pratiques (et des moins bonnes), et le 5 octobre, la médiation a été officiellement lancée. Elle sera menée par l'un de mes médiateurs, Claude Bordier. Des groupes de travail sont constitués, dans l'objectif, d'ici la fin de l'année, d'en tirer un guide ou une charte de bonnes pratiques qui soient soutenues par l'ensemble de la filière.

(1) Le comité réunit le Medef, la CPME, l’Union des entreprises de proximité (U2P), la FFB, la Capeb, la FNTP, la Chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et paysagistes (CNATP), l’Association française des industries des produits de construction (AIMCC), la Fédération des distributeurs de matériaux de construction (FDMC),la Confédération française du commerce de gros et international (CGI), la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec), l’Organisation des coopératives d’achat des artisans du bâtiment (Orcab), l’Union sociale pour l’habitat (USH), la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), CSF Bois, CSF Mines et métallurgie.

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