Le chantier judiciaire du siècle va démarrer à Strasbourg


Spectaculaire à l’intérieur, discret à l’extérieur : pendant deux ans et demi à partir du 17 juin, le chantier et le projet architectural du palais de justice de Strasbourg se caleront sur ce double objectif.

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L’arrière du palais

Eiffage Construction, mandataire du groupement auquel participent Spie, Clemessy et Eiffage Energie, manoeuvrent dans un terrain délicat et près de riverains déjà éprouvés par un an de travaux d’envergure : la réhabilitation et l’extension du palais de justice de Strasbourg commencent le 17 juin, au lendemain de l’inauguration des 70 appartements et villas de standing construits par le promoteur Patrick Singer avec l’architecte Anne Blanc, dans l’ancien garage Kroelly, sur l’une des ruelles qui longent le palais. La taille de l’opération d’Etat peut objectivement alerter le voisinage : 34 millions d’euros de travaux pour le palais (sur un coût d’opération de 63 millions, dont 54,2 apportés par l’Etat), contre 20 pour l’immeuble Premium.

D’autres facteurs objectifs facilitent néanmoins la tâche des entreprises : « La démolition de constructions en pierre ne nécessite pas de marteau-piqueurs. Dans l’enceinte fermée, cette partie des travaux se déroulera en août, et privilégiera les croqueuses », souligne Camille Obri, responsable qualité, sécurité environnement du chantier.

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La future salle d’assises La future salle d’assises

La Ville a mis tout son poids pour convaincre les entreprises et le maître d’ouvrage - l’Agence publique pour l’immobilier de la justice – d’aller plus loin : un sens unique de circulation interdira les marches arrière et empêchera les camions de passer devant les trois écoles et 10 crèches à l’aller. « Seules deux micro-crèches se trouvent sur le chemin du retour », concède  Camille Obri. La stratégie municipale de désamorçage des conflits va jusqu’à l’affichage en temps réel, via Internet, des valeurs calculées par les sonomètres implantés autour du palais, pour vérifier le respect d’un impact sonore limité à 75 Db en limite de chantier.

Derrière les toiles de deux mètres de haut destinées autant à limiter les émanations de poussières qu’à garantir la sécurité des enfants au passage des camions, une autre prouesse se prépare : sans changer l’emprise au sol, ni même bouleverser l’aspect extérieur de l’immeuble construit au début du XXème siècle, l’agence d’architecture espagnole Garces – De Seta – Bonet crée 5700 m2 de surfaces utiles neuves, pour porter le total à 13 600 m2.

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Le patio végétalisé Le patio végétalisé

Cerise sur le gâteau, cette densification se conjugue avec l’apport de lumière naturelle issue de deux sources : les façades du patio intérieur, rendues transparentes après la démolition des anciens murs, et les ouvertures sur la nouvelle toiture en zinc, dont la pente ascendante vers l’arrière du bâtiment crée le volume du quatrième étage où siégera la cour d’assises.

« Cette surélévation discrète permet de restituer le fronton et la volumétrie originelle », se réjouit Yoann Ohlund, directeur du projet à l’Apij. Fruit de longues négociations avec l’Etat qui privilégiait l’hypothèse d’une cité judiciaire périphérique, le palais rénové offrira une double récompense à l’opiniâtreté de la ville : il contribuera à la mise en valeur du quartier allemand de la Neustadt, candidat à l’inscription au patrimoine mondial ; il encouragera les militants de la sobriété foncière et de la reconstruction de la ville sur elle-même.

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