Débuté au mois de mars 2021, le chantier de la construction de l’aménagement hydroélectrique du torrent de la Sarenne (Isère), l’un des rares chantiers de construction de centrale hydroélectrique récemment entrepris en France, a franchi une nouvelle étape le 29 juillet avec le baptême de son tunnelier.
Creusement en août
D’un poids de 360 t, le mastodonte a été baptisé Gaïa, du nom de la déesse grecque de la terre. Son acheminement par convois exceptionnels sur la commune de La Garde-en-Oisans a nécessité plusieurs semaines d’organisation, compte-tenu des contraintes d’accès au bourg.
Trois semaines seront nécessaires à son assemblage avant d’entrer en fonction mi-août. « Nous allons d’abord fonctionner en mode dégradé : la machine commencera à creuser avec seulement la moitié de son train arrière. Le reste des équipements sera installé au fur et à mesure de la progression », précise Adrian Orts, directeur des travaux chez Spie Batignolles.
Long de 174 m pour 4,20 m de diamètre, Gaïadoit creuser 2,3 km de galeries souterraines dans une pente à 23% dans la montagne iséroise, depuis La Garde-en-Oisans jusqu’à Huez.
Il traversera des terrains rocheux essentiellement composés de schistes et de gneiss et entrecoupés d’obstacles géologiques. « Nous avons repéré entre huit et neuf failles sur le parcours. Il y a également une zone de transition où le gneiss de l’Oisans et le schiste de l’Huez se chevauchent, ce qui peut générer une instabilité des terrains », prévient Adrian Orts.
Risque amiante
Le parcours sera également parsemé de roches amiantifères. Pour pouvoir repérer les sols contaminés, des échantillons seront régulièrement analysés au microscope optique. Un laboratoire d’analyses a été installé sur le site. Le tunnelier a été configuré pour faire face à un risque amiante, avec des sas et des douches de décontamination prévus pour les opérateurs.
Une fois réalisée, la galerie permettra de faire passer une partie de la conduite forcée qui acheminera l'eau de la Sarenne (Huez, Isère) jusqu'à la centrale hydroélectrique, à Bourg d'Oisans. La longueur totale parcourue par cette conduite sera de 3,6 km.
Outre la galerie creusée au tunnelier entre La Garde-en-Oisans et Huez, il est prévu de creuser deux autres ouvrages remarquables, à savoir une tranchée couverte de 500 m et un puits de 350 m de longueur avec une pente de 45 degrés entre La Garde-en-Oisans et Bourg d'Oisans.
Mise en service en 2024
Le chantier doit durer au total 36 mois, la fin du creusement au tunnelier étant espérée pour avril 2022. Il est prévu que le nouvel équipement alimente dès 2024 en électricité renouvelable la vallée. Avec une puissance de 11 MW, la centrale produira l’équivalent de la consommation électrique de 16 000 habitants.