Plonger dans le chantier de Notre-Dame de Paris au travers des siècles ! C’est ce que propose « Notre-Dame de Paris, l’exposition augmentée », qui se tiendra au Collège des Bernardins à Paris jusqu’au 17 juillet 2022.
Conçue et produite par la start-up Histovery, en collaboration avec l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale, et grâce au parrainage du groupe l’Oréal, elle met dans les mains des visiteurs 850 ans d’Histoire.
L’exposition s’ouvre sur une reconstitution de l’incendie ravageur du 15 avril 2019. Elle précipite ensuite l’utilisateur dans la construction de la cathédrale depuis la pose de la première pierre en 1163, en passant par la réalisation de la charpente de chêne en 1225 jusqu’au chantier actuel de restauration.
Equipé de l’Histopad, une tablette numérique de réalité augmentée, le visiteur peut ainsi actionner la roulette du temps. Il suffit de se promener dans le parcours scénographique de 500 m² et de pointer la tablette sur des pictogrammes, reconnus à la façon d'un QR code, qui déclenchent des restitutions historiques immersives à 360° et en 3D et donnent accès aux coulisses du chantier en cours grâce à des prises de vue elles aussi à 360°. La façade de 2021 reprend ainsi, pixel pour pixel, ses couleurs des siècles passés. « L’histopad nous permet de nous enraciner dans l’histoire au moyen de technologies poussées », pose Bruno de Sa Moreira, cofondateur et CEO d’Histovery.
10 reconstitutions historiques scientifiquement documentées
Pour ce faire, quatre chercheurs, neuf infographistes et onze développeurs œuvrent depuis deux ans. « Nous avons commencé par mener de nombreuses recherches au travers d’une dizaine d’ouvrages et d’une centaine d’images », explique Édouard Lussan, cofondateur d’Histovery et directeur de la production. « Puis nous avons monté des maquettes numériques principalement sur le logiciel de modélisation 3ds Max d’Autodesk », détaille-il.
Les dix reconstitutions sur neuf siècles différents ont chacune été présentées au moins trois fois à des comités scientifiques, composés d’experts des périodes étudiées, garants de la teneur historique. In fine, pour le rendu, les concepteurs ont utilisé les moteurs de jeux vidéo Unity et l'Unreal Engine 5 d’Epic Games.
En parallèle, des photographies panoramiques à 360° réalisées depuis 2019 offrent cinq expériences immersives sur le chantier actuel de restauration. « Une sphère peut contenir entre 50 et 250 photos et être réalisée entre 10 minutes et 2h de temps, en fonction des niveaux d’éclairage et des contrastes », précise Laurent Thion, photographe. L’enjeu étant de positionner la scène au plus proche de celle de la caméra de la maquette numérique !
A la façon d’un serious game, ces scènes, complétées de onze maquettes numériques de la cathédrale, sont présentées de manière interactive, augmentée de photos, vidéos et textes explicatifs.
« Une cathédrale de fer soutient celle de pierre »
Les dernières images ont été prises en janvier 2022. « Actuellement, c’est une cathédrale de fer qui soutient celle de pierre », explique Jérémie Patrier-Leitus, directeur de la communication, du développement et de la programmation culturelle de l’établissement public en charge de conservation et de la restauration de la cathédrale.
Ainsi, les phases de sécurisation de l’ouvrage achevées à l’été 2021, entre le recouvrement par un parapluie de la toiture, le démontage de l’échafaudage ou encore la pose des cintres qui sont venus consolider les voûtes les plus fragiles, sont données à voir au public.
« La phase de restauration dans les ateliers est pleinement engagée tandis que les appels d’offre auprès des entreprises sont en cours », poursuit-il. Une carte interactive met d’ailleurs en avant les lieux de provenance des principaux matériaux qui serviront à restaurer à l’identique l’édifice, comme les forêts de chênes où sont en train d’être sciés les 2000 arbres par 45 scieries ou les carrières de pierres calcaires.
L’exposition met aussi en valeur les métiers et le savoir-faire des personnes qui ont œuvré et œuvrent à la renaissance de la cathédrale, des échafaudeurs aux charpentiers en passant par les sculpteurs et verriers, jusqu’au maître-d’œuvre. « Notre objectif est de faire connaître les métiers des bâtisseurs d’hier et d’aujourd’hui pour donner envie aux jeunes et susciter des vocations », espère Jérémie Patrier-Leitus.
Un tour du monde en douze étapes
« Ce projet est sans doute le plus ambitieux et le plus abouti que nous ayons réalisé jusqu’à présent, car c’est la première fois que nous modélisons autant d’époques sur un seul lieu », confie Edouard Lussan. Et il ne s’arrête pas là. Les images seront mises à jour en permanence durant toute la durée du chantier jusqu’en 2024. En effet, après avoir fait l’ouverture très remarquée du Pavillon France à l’Exposition universelle de Dubaï, avec 150 000 visiteurs accueillis en 30 jours, l’exposition, présentée pour la première fois dans son intégralité à Paris, entame son tour du monde. Elle sera visible dans 12 métropoles, à commencer dès le 15 avril par le National Building Museum de Washington, puis en août le Palais im Grossen Garten de Dresde.
