Le Centre Pompidou francilien dévoile son double visage

C’est un objet culturel d’un nouveau genre qui pousse à l’orée du Parc de la Blanchette, à l’est de Massy (Essonne). Conçu par l’architecte Philippe Chiambaretta (PCA-Stream), le futur « Centre Pompidou francilien - Fabrique de l’Art / Musée national Picasso-Paris » déploie son impressionnante structure de 30 000 m2. Erigé depuis juillet 2024 par les équipes de CBC (entreprise générale, filiale de Vinci Construction), cet imposant écrin de béton accueillera dès l’automne 2026 les réserves du Centre Pompidou (première collection d’art moderne et contemporain d’Europe avec 140 000 œuvres) et celles du Musée national Picasso-Paris.

Conservation des œuvres mais aussi expositions, spectacles, ateliers…

L’originalité de cet équipement réside dans sa dualité de fonctions. Outre sa vocation de conservation, de recherche et d’expertise, il sera aussi un lieu de diffusion de culture. Le Centre Pompidou francilien proposera expositions, spectacles, ateliers, performances et projections à un large public, misant notamment sur une clientèle de proximité. L’établissement devrait profiter de sa position stratégique au carrefour de trois départements (Essonne, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne) et d’une bonne desserte : TGV, RER B et C, en attendant la livraison de la gare Massy-Opéra de la ligne 18 du Grand Paris Express en 2027.

Alors que l’œuvre de Renzo Piano et Richard Rogers se déploie sur une piazza minérale, le Centre Pompidou francilien se projette sur la nature. © PCA-Stream

Partenariats scientifiques

Cette nouvelle liaison placera ce pôle de conservation et de création à moins d’une demi-heure du pôle d’excellence de Saclay, ce qui devrait encourager les partenariats scientifiques et susciter de nombreux échanges culturels avec les étudiants du campus. « Il est essentiel que de grands équipements parisiens comme le Centre Pompidou franchisse le périphérique pour favoriser un accès plus large à la culture », se félicitait Rachida Dati, ministre de la Culture, en visitant le chantier le 2 juillet dernier.

La ministre de la Culture Rachda Dati était en visite sur le chantier du Centre Pompidou francilien le 2 juillet dernier. Elle est entourée de Valérie Pécresse, présidente de région, et de Nicolas Samsoen, maire de Massy. © F.d’O.

Bâtiment « Janus »

Cette programmation hybride donne naissance à un bâtiment « Janus » à double visage. Côté pile, un monolithe clos et sécurisé représentant plus de 80 % de la superficie de l’édifice qui sera destiné à la conservation des œuvres. Adjacents à ces réserves, plusieurs ateliers (restauration, menuiserie, emballage…) se déploieront sur la partie nord. Une trame cubique de 9 m de côté garantit une grande modularité de ces espaces de stockage et de travail. Les flux logistiques sont fluidifiés par le choix d’un plan de distribution en croix qui réduit également la distance entre ateliers et réserves.

L’ADN du Centre Pompidou réinventé

Côté face, le Centre Pompidou francilien proposera un visage plus ouvert et accueillant dont l’ambition sera d’attirer un nouveau public francilien autour des collections. « Notre projet architectural puise dans l’ADN du Centre Pompidou, précise Philippe Chiambaretta. Les proportions des bâtiments sont d’ailleurs relativement proches. Alors que l’œuvre de Renzo Piano et Richard Rogers se déploie sur une piazza minérale, le Centre Pompidou francilien se projette sur la nature. En rez-de-chaussée, un grand deck descend en gradins jusqu’au lac, tandis que la façade s’anime d’un jeu de coursives en bois. Celles-ci sont reliées à un belvédère de 1 000 m2 dominant la canopée par un escalier qui évoque la chenille iconique du Centre Pompidou. »

« Les citations à l’architecture du Centre Pompidou sont subtiles mais bien présentes. » a déclaré Giorgio Bianchi, architecte et partenaire de l’agence Renzo Piano Building Workshop - RPBW. © PCA-Stream

Marché de partenariat

Pour réaliser ce projet, l’institution présidée par Laurent Le Bon a contracté un marché de partenariat pour le financement partiel, la conception-construction, l’exploitation et la maintenance du bâtiment pendant 25 ans avec PomPicArt, groupement composé de Vinci Construction France (mandataire), Vinci Energies France et PublicImmo Reim. L’investissement total s’établit à 105 millions d’euros HT dont 42 millions d’euros financés par les collectivités locales au premier rang desquelles la région qui apporte 20 millions d’euros.