Tremblement de terre dans le marché français du béton préfabriqué. L’Autorité de la concurrence annonce, le 3 juin, avoir sanctionné le 21 mai des pratiques d’ententes anticoncurrentielles et infligé un total de 76,6 M€ d’amendes à onze entreprises spécialisées : A2C, Eurobéton, KP1, FB, L’Industrielle du béton (IB), Rector, Saint-Léonard Matériaux (SLM), SEAC, la Société de préfabrication de Landaul (SPL), Soprel et Strudal.
Eurobéton, du groupe PBM, devra s’acquitter d’une amende supplémentaire de 75 000 € « pour obstruction à l’instruction », précise l’autorité administrative.
« Hausse de tarifs » aux CMistes
Ces pratiques anticoncurrentielles ont porté sur la « répartition des volumes de chantiers » lors d’appels d’offres lancés par des entreprises de construction, sur « les taux de hausse des tarifs » applicables aux négoces et constructeurs de maisons individuelles ou encore sur des « partages d’information » dans le cadre d’appels d’offres relatifs à des chantiers de charpente en béton, explique l’Autorité. Elles se sont étalées sur des périodes de sept à dix ans, jusque 2018 pour la plus récente.
L’enquête initiée en 2015 s’est accélérée trois ans plus tard à la suite de « perquisitions simultanées » dans les locaux d’entreprises visées qui « ont conduit à l’interpellation de plusieurs personnes participant à une réunion secrète dans un hôtel de la région parisienne », rappelle l’Autorité, qui a analysé « des notes manuscrites, des tableaux de répartition de marchés, des grilles de prix minimums, ainsi que des courriels et des captations d’échanges téléphoniques ».

Rector reconnaît « ses erreurs passées »
Membres du « cartel concernant la vente d’éléments préfabriqués en béton aux entreprises de construction », KP1 et Rector avaient alors « déposé deux demandes de clémence », dans le cadre d’une coopération avec les enquêteurs.
Entreprise la plus lourdement sanctionnée, à hauteur de 25,5 M€, Rector dit ne pas « contester » cette amende et vouloir « assumer pleinement ses erreurs passées ». « L’ensemble des équipes dirigeantes de l’époque a depuis quitté ses fonctions et notre groupe s’est restructuré et a modifié son organisation et sa gouvernance pour les rendre tout à fait impossibles à l’avenir », assure l’ETI basée à Mulhouse (Haut-Rhin).
La deuxième amende la plus élevée, de 19 M€, a été infligée à KP1, qui n’a pas réagi ni répondu à nos sollicitations.