« Le BTP et le végétal doivent apprendre à travailler main dans la main », Catherine Muller, présidente de Val'hor

Catherine Muller a entamé le 21 octobre un mandat de trois ans à la présidence de Val’hor, l’association interprofessionnelle de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. Comme à l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) qu’elle a présidée de 2014 à 2019, la première femme élue dans cette fonction espère contribuer à « repenser la ville avec le végétal ».

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Catherine Muller
Catherine Muller

Identifiez-vous des marges de progrès du végétal dans les secteurs de la construction et l’aménagement ?

Les professionnels du végétal s’appuient sur un mouvement déjà bien engagé en particulier dans la mobilité, l’aménagement urbain et la reconversion des friches. Au cours des dernières rencontres nationales du programme Action cœur de ville, le paysagiste concepteur Jean-Marc Bouillon,  porte-parole de Val’hor, a brillamment représenté notre filière et suscité l’intérêt de tous les participants, au côté des architectes et des urbanistes.

On nous attend désormais sur des propositions d’innovations techniques, et dans une meilleure organisation de la diffusion d’informations : du Cerema à Plante & Cité, de nombreux chercheurs produisent des résultats, mais pour les donneurs d’ordres, l’accès à l’information sur les atouts du végétal dans la ville constitue souvent un casse-tête. J’espère que les années à venir permettront de progresser, en s’appuyant sur la marque Cité Verte exploitée par Val’hor.

La réussite ne passe-t-elle pas par une meilleure coordination avec les entreprises du BTP ?

Je crois beaucoup à la nécessité de sortir des fonctionnements en silo. Le BTP et le paysage doivent apprendre à travailler main dans la main, comme cela se pratique déjà sur beaucoup de chantiers. Dans des marchés qu’aucune des deux familles ne peut prétendre accaparer, les gentlemen’s agreement à systématiser passent par la compréhension des compétences de l’autre.

La récente publication du Fascicule 35 du cahier des clauses techniques générales applicable aux marchés de travaux de génie civil va-t-elle favoriser cette évolution ?

C’est en tout cas une très bonne nouvelle. Le fascicule offre aux donneurs d’ordres et aux entreprises les moyens de respecter le vivant dans la ville. J’en avais lancé la révision en 2016 comme présidente de l’Unep, au nom d’entrepreneurs en souffrance, confrontés à la nécessité de repenser toutes les étapes des marchés d’espaces verts, et en particulier la maintenance.

Ce travail très lourd a mobilisé différentes commissions, jusqu’à la validation finale. Mais dans nos métiers, nous sommes habitués à donner du temps au temps. Val’hor profitera du Salon des maires pour promouvoir le nouveau fascicule 35.

La participation de Val’hor au dernier congrès de l’Union sociale de l’habitat augure-t-elle un renforcement du partenariat ?

Tout comme celui que nous avons noué avec le programme Action cœur de ville, ce partenariat s’inscrit dans la durée. Il accompagne une prise de conscience des citoyens, exacerbée pendant le premier confinement : personne n’a compris l’interdiction de fréquenter les parcs et jardins.

Ce choc a coïncidé avec le classement du commerce des végétaux parmi les activités non essentielles. Val’hor a finalement obtenu gain de cause dans le sens inverse, et après cette reconnaissance, personne ne ferait plus marche arrière.

Les professionnels ne ressentent-ils pas des difficultés à trouver leur place, face aux pratiques participatives ?

Personne ne peut contrarier un tel mouvement. Adaptons-nous, sachons nous remettre en question et nous repositionner dans toutes les étapes de ces nouvelles pratiques.

A l’amont, préparer des futurs jardins familiaux passe par une expertise du sol et par des capacités logistiques hors de portée des associations, qu’il s’agisse de la manutention d’arbres ou du transport des substrats. De même, les terrassements ne sont pas à la portée de tous. A l’aval, les entreprises ont un rôle pédagogique à jouer, dans l’apprentissage des pratiques d’entretien.

Comment la filière peut-elle accompagner les pouvoirs publics vers la sobriété foncière ?

D’abord, il a fallu se mobiliser sur la définition de l’artificialisation, qui au début, incluait la création d’espaces verts. Cela prouve la nécessité d’une présence systématique de la filière dans toutes les instances où se décident les politiques d’aménagement. Dans l’avenir, Val’hor pourra-t-elle relayer les propositions de l’Unep sur un marché national des compensations à l’artificialisation des sols ? Il est encore trop tôt pour répondre.

Pour une bonne partie de ses fournitures, notamment les arbres, la filière reste très dépendante de l’importation. Espérez-vous des progrès du made in France ?

Au cours de l’assemblée générale du 21 octobre, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a encouragé les pépinières à s’organiser pour profiter des fonds européens dédiés aux groupements d’entreprises, dans les domaines de la digitalisation ou de l’anticipation des tendances.

Au sein même de Val’hor, les collèges se regroupent pour élaborer des stratégies communes aux mondes du paysage et de la distribution. Ces initiatives répondent à la vocation de l’association : anticiper l’avenir et s’y adapter, en jouant collectif. Pour faire face, je sens que ces trois années vont me paraître courtes !

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