Le plan de relance annoncé par le président Lula à Rio, le 11 août dernier, vise à replacer l’État fédéral dans son rôle de promoteur de l’activité économique et à engranger des investissements publics et privés de l’ordre de 1,4 billion de réaux (environ 260 milliards d’euros) d’ici à 2026. Une somme qui sera dévolue au mais pas seulement : les services de santé et d’éducation feront aussi partie du plan, contrairement aux deux précédents Programmes d’accélération de la croissance (PAC), pareillement baptisés et portés par le vieux lion de la politique brésilienne lors de ses deux premiers mandats.
« Le premier PAC, à la fin des années 2000, n’avait concerné presque que le transport routier et permis de relancer un très grand nombre de chantiers à l’arrêt, plus de mille, tandis que le deuxième PAC (2011-2015), surnommé le « PAC Coupe » à cause des chantiers de la coupe du monde de football de 2014, avait en réalité donné la priorité à la mobilité urbaine », témoigne Rodrigo Leme, directeur de Setec Hidrobrasileira, filiale de Setec au Brésil depuis 2012.
Ces jours-ci, au Brésil « où tout reste à faire » rappelle Rodrigo Leme, lui comme tous les pros du BTP sont à l’affût des opportunités liées au PAC 2024-2026. « Nous ignorons encore quels projets seront réellement exécutés, avoue-t-il. Cela se jouera État par État (se référant aux 26 État du Brésil, NDLR) et les projets seront passés au crible avec un niveau d’exigence inédit sur les plans durabilité et viabilité économique », avertit-il.
La filiale brésilienne de Setec, Setec Hidrobrasileira en particulier lorgne sur un gros chantier suspendu, à Fortaleza, celui de l’extension de la deuxième ligne de métro (ligne Est) de la capitale de l’État du Ceará. Ce projet pourrait bien être relancé sous l’impulsion du plan de relance brésilien, surtout que le gouverneur du Ceará est du même parti politique que Lula. Dans un pays qui pâtit de sa toute relative instabilité politique, cela ne peut qu’aider.
8674 chantiers à l'arrêt dans le pays
Mais le privé n’a pas attendu l’annonce de Lula pour sortir d’une rude période 2020-2022 pour le secteur du BTP du fait de la pandémie de Covid, particulièrement mortifère au Brésil, et du retrait, violent lui aussi, de l’État fédéral dans le financement des TP sous l’ère de Jair Bolsonaro (ultra-libéral). La cour des comptes du Brésil recensait, en décembre dernier, 8 674 chantiers de BTP « paralysés » sur 22 000 déclarés.
Le crédo de Jair Bolsonaro pour stimuler les investissements privés dans les infrastructures de transport a reposé sur un système de concessions. Vinci Airports via sa filiale Aeroportos da Amazônia a ainsi pu gagner des contrats d’exploitation sur 30 ans en moyenne, de sept aéroports situés au Nord du Brésil (Manaus, Tefé, Tabatinga, Boa Vista, Rio Branco, Cruzeiro do Sul, Porto Velho) privatisés en 2020, selon le site d’info juridique Lexlatin. Setec Hidrolbrasileiro a réalisé les études de conception de base de ces trois derniers aéroports, selon Rodrigo Leme.
Le plan de relance brésilien devrait logiquement faire toute sa place au train, le réseau ferroviaire national demeurant largement insuffisant au regard de l’étendue du territoire du Brésil et de ses besoins insatisfaits en matière de fret, agricole notamment