« La guerre en Ukraine et la flambée des tarifs de l’énergie nous ont servi d’électrochocs. La sortie des énergies fossiles est devenue une nécessité économique en plus d’être environnementale », pose Christophe Rodriguez, directeur général de l’Institut français pour la performance des bâtiments (Ifpeb) lors du lancement du Booster des énergies renouvelables et de récupération (EnRr) à Paris le 21 septembre.
Même si la France s’affiche comme le champion de l’électricité bas carbone grâce au nucléaire, il est impératif de répondre à l’objectif européen qui imposera bientôt de disposer de 42,5 % d’énergie renouvelable dans notre mix énergétique.
C’est pourquoi les nombreux partenaires (1) ont mis sur pied le Booster des EnRr. L’objectif est que chacun d’entre eux apporte ses projets, cinq chacun dans un premier temps, afin de partir du terrain pour bâtir des retours d’expérience, lever les freins qui existent et faire émerger des outils opérationnels afin de massifier les énergies renouvelables et de récupération.
Plateforme cartographique d'un patrimoine
Parmi les outils attendus, l’Ifpeb prévoit déjà un EnR Score et, mieux, une plateforme cartographique qui permettra aux professionnels de prendre des décisions stratégiques à l’aune de l’ensemble de leur patrimoine. « La finalité est bien de générer le plus de projets possibles et de créer des réflexes afin que le développement des énergies renouvelables devienne à la fois soutenable et massifiable », rappelle Christophe Rodriguez.
Pour l’instant, le potentiel des énergies renouvelables reste encore un « impensé » de la politique publique, estiment les membres du Booster des EnRr. « Et pourtant, les bâtiments disposent tous de toitures, de sous-sols, de chaleur ou de froid "perdus" (eaux usées, data center, salle informatique, récupération d'énergie sur la ventilation...), c’est-à-dire, d'un potentiel énergétique largement sous utilisé », indiquent-ils dans un communiqué.
L'autoconsommation a fait émerger des business plans pour les entreprises
De fait, David Marchal, directeur exécutif adjoint expertise et programme de l’Ademe, rappelle que « les EnR n’occupent que 4 % du parc tertiaire, alors qu’elles représentent le cash-flow de demain. A ce titre, un immeuble peut aussi constituer un actif énergétique. »
Quant à Dang Tran, directeur général adjoint de La Poste Immobilier, il se souvient : « Si nous disposons d’un vaste patrimoine, le photovoltaïque ne s’y est pas imposé d’office, malgré de nombreux essais technologiques. Le sujet a réellement évolué il y a trois ans avec l’autoconsommation, qui a permis de transformer un thème souvent abstrait en réalité d’entreprise. » Il poursuit : « Cela nous a permis de vendre un business plan qui fonctionne et de créer un désir, surtout qu’un site peut non seulement produire de l’énergie, mais aussi effacer une partie de ses consommations, ce qui transforme le sujet parfois un peu abstrait en un puissant levier de transformation ».