Le bois et les biomatériaux revivifient la construction

La nouvelle jeunesse du bois et des autres biomatériaux de construction a soutenu un élan d’optimisme au Forum mondial Bâtiments et climat. La communauté planétaire d’acteurs publics et privés de cette renaissance a démontré la possibilité d’une exploitation des ressources végétales compatible avec la préservation de la biodiversité.

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Bois et bio-matériaux
Directeur de l'ONG Built By Nature (à gauche), Paul King a réuni un échantillon mondial d'acteurs du bois et des biomatériaux dans la construction.

Le bois le peut ! Ajouter un cinquième milliard de m3 à la production annuelle mondiale, la forêt planétaire est capable de relever ce défi sans s’épuiser et sans mettre la biodiversité en péril. Président du département Forêt du fonds mondial pour l’agriculture (FAO), Ewald Rametsteiner énumère les conditions à remplir pour suivre cette voie étroite : arrêter de brûler, choisir où planter et surtout améliorer la gestion forestière.

La mono-sylviculture remise en cause

« 50% de la production mondiale provient de 7% des forêts exploitées, et pas forcément en monoculture », a révélé le représentant de l’organisme rattaché à l’Organisation des Nations-Unies, le 7 mars au Forum mondial Bâtiments et climat qui se tient à Paris.

En une heure et demi, 13 intervenants ont donné un rythme trépidant à la session « Accélérer l’utilisation du bois et des matériaux d’origine biologique ». Ewald Rametsteiner résume la substance de leur message : « Il faut faire savoir aux citoyens que c’est possible, sans déroger aux trois critères environnemental, social et économique du développement durable ».

Architectes de tous les pays

Les architectes revendiquent leur place à l’avant-garde du mouvement planétaire vers les biomatériaux, comme en témoigne l’appel aux maîtres d’ouvrages d’une de leurs représentantes américaines : « Maires et gouvernements, entourez-vous d’architectes en chef pour coordonner vos projets bénéfiques pour le climat, mais aussi pour la santé et le confort des citoyens », s’exclame Kimberly Dowdell, présidente de l’Institut américain des architectes et figure de la cause des femmes et des noirs, dans un élan que ne renieraient pas ses consoeurs et confrères français.

Incarnation de l’union sacrée des biomatériaux rassemblés derrière l’étendard du bois, la Ghanéenne Mae-Ling Lokko, professeure à l’université américaine de Yale, frappe les esprits dans ses travaux sur la valorisation des écorces de noix de coco dans le bâtiment. Dans son discours d’ouverture au forum de Paris, elle a toutefois invité les professionnels à garder un regard critique sur les usages : « Malgré ses qualités comme matériau de construction, le bambou présente un bilan carbone comparable à celui de l’acier, compte tenu de son exploitation énergétique », alerte l’architecte, artiste et écrivaine.

Du bois au chanvre

Des projections à l’horizon 2050 établies pour les Nations Unies par l’université de Yale, Mae-Ling Lokko retient ces chiffres-clés : dans le scénario « business as usual », la contribution du bâtiment aux émissions de gaz carbonique passerait de 25 à 49%. « Les biomatériaux font partie des trois leviers de décarbonation à actionner, à côté de l’économie de moyens et de l’amélioration des techniques de construction », poursuit-elle.

Dans le sillage du bois, le chanvre tient sa place, dans la conférence parisienne modérée par Paul King, directeur de l’organisation non gouvernementale Built by Nature. Directeur général de la fédération internationale d’associations nationales dédiées à ce matériau, le Français Frédéric Vallier rappelle ses atouts : « 7 à 9,6t de CO2 stockés par ha, des opportunités de développement dans des régions rurales en particulier dans les pays du sud ».

Emulation internationale

L’Afrique et l’Amérique latine concentrent à ses yeux le plus gros potentiel pour une filière qui, sur le plan technique, n’a pas dit son dernier mot. « La France a joué un rôle pionnier dans sa promotion. La Chine et le Canada arrivent », souligne Frédéric Vallier.

Autre représentant de l’Hexagone à la session « Bois et biomatériaux », Antoine Caron, sous-directeur de la qualité et du développement durable à la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du ministère de la Transition écologique, a vanté les mérites de la RE 2020, « première réglementation sur le stockage carbone dans la construction ». La volonté de figurer parmi les premiers de la classe ne devrait pas nuire à la cause commune de la construction décarbonée.

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