Le Moniteur Export : Comment se portent les entreprises italiennes à l’international?
Gabriele Buia : Le « Made in Italy » est très apprécié à l’étranger. Nos entreprises continuent à gagner des parts de marchés surtout dans les pays de l’OCDE et du G20 où la concurrence est plus aguerrie. En outre, ces dernières années, les PME ont enregistré de très bonnes performances hors de nos frontières. Cela veut dire que l’internationalisation n’est plus une stratégie des seules grandes entreprises mais concerne le système dans son ensemble. En 2017 la part du chiffre d’affaires des entreprises du secteur réalisé à l’étranger a atteint 74%. On peut donc affirmer sans l’ombre d’un doute que le blocage des investissements publics en Italie a poussé les entreprises, de toutes les dimensions, à chercher de nouvelles opportunités sur les marchés internationaux.
Quelles sont les priorités pour le secteur de la construction dans le pays?
G.B. : Ces 11 dernières années ont été dévastatrices pour le secteur avec un effondrement vertigineux des investissements, des centaines de milliers d’emplois perdus et des entreprises qui ont fermé. Le pays dans son ensemble a été affecté avec des infrastructures et des bâtiments dans un piteux état, ce qui signifie moins de sécurité, moins de bien-être social, une qualité de la vie diminuée, moins de développement. La moindre initiative, publique ou privée, est bloquée par la bureaucratie. Un poids qui freine l’ouverture des chantiers même lorsque les ressources sont disponibles. L’ANCE se bat pour que le gouvernement prenne sérieusement la situation en main et décide une simplification de toutes les procédures qui représentent des obstacles pour les investissements. Il faut revoir profondément le code des marchés publics, le rôle de la cour des comptes, du conseil supérieur des travaux publics.
Quelles seraient les conséquences d’un abandon du Lyon-Turin ?
G.B. : Je trouve absurde d’arrêter un chantier qui a déjà commencé avec 3 accords internationaux signés. Qui paiera l’addition de la perte des emplois et du manque de développement du territoire? Sans parler de la crédibilité de l’Italie. Quel investisseur croira encore dans les accords signés par notre pays? Pour bien comprendre les conséquences de l’abandon du projet, il suffit de s’imaginer l’Italie si le train à grande vitesse ne traversait pas la péninsule aujourd’hui. Il a été très critiqué également à ses débuts. C’est désormais le véritable « métro » d’Italie, qui a changé les modes de vie, les façons de se déplacer, comme ce qu’on a pu constater dans beaucoup d’autres pays européens y compris la France.
Que penser de la procédure d’infraction de l’UE à l’encontre de l’Italie sur les appels d’offres?
G.B : Cette récente décision de la Commission européenne confirme ce que l’ANCE dénonce depuis des années : le code des marchés publics a complètement échoué à réaliser son objectif de doter le secteur des travaux publics de règles simples, claires et transparentes. L’Italie a maintenant deux mois pour fournir des réponses efficaces pour éviter que la procédure d’infraction poursuive son cours. Il est donc urgent de changer immédiatement les règlements avec un décret-loi.