Seule commune occitane dotée d’un schéma territorial de restauration écologique (Stere) dédié aux milieux marins, Agde (Hérault) lancera cet automne le quatrième et dernier chantier de son projet RécifLab : « Un village de récifs artificiels dédiés à la plongée sous-marine, en guise de déport de la pression exercée par cette activité sur les sites naturels sensibles », décrit Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur des milieux marins de la ville.
Village de récifs artificiels
Présenté par le maître d’ouvrage comme « le plus grand équipement de ce type en France », l’ensemble comprendra plusieurs types de petits récifs et un autre plus grand, soit environ 6,50 m de haut et 10 m de large. Spécialiste de ce type d’ouvrages basé à Montpellier, Seaboost coordonnera les travaux de l’équipement réalisé en béton bas-carbone à l’aide d’imprimantes 3D.
Ce chantier complètera les trois autres composantes de RécifLab. Pour ce seul exemple de projet de génie écologique marin retenu au programme Investissement d’avenir, la commune bénéficie depuis 2018 d’une enveloppe d’1,5 million d’euros destinée à conforter la protection des 6150 hectares de la côte agathoise classés Natura 2000.
Sur l’île Brescou au cœur de cette aire protégée, la ville a installé un ponton écologique et planté des roselières qui font office de nurseries pour poissons. Dans la bande de 300 m qui délimite les zones de baignade, des récifs d’1,50 m de long sur 1 m de large servent de supports aux calamars et aux seiches, depuis deux ans. Ce second volet de RecfLab a rodé les designers de Seaboost dans les techniques d’impression en béton bas carbone.
Du conflit à la synergie
3000 anneaux du port servent également de supports de biodiversité, grâce à la plantation de roselières. « Nous recréons le lien rompu dans les années 60 entre le littoral et la mer, lors de la construction du port sur d’anciennes lagunes », se félicite Renaud Dupuy de la Grandrive.
Complémentaires de RécifLab, deux contrats conclus avec le ministère de la Transition écologique consolident le dispositif de restauration écologique : ils portent sur des mouillages indolores pour les herbiers de posidonie et sur la réintroduction d’algues disparues lors de l’aménagement du port.
Désormais considérée par la ville comme un nouvel atout pour son attractivité touristique, la reconquête de la biodiversité a mis fin à une ère de conflits soldée en 2013 par la création de la direction municipale des milieux marins. « Désormais composé de huit personnes à plein temps et jusqu’à 13 en été, ce service est issu d’une association de protection de la nature et du littoral qui s’est longtemps battue contre les projets communaux », rappelle Renaud Dupuy de la Grandrive.