Le béton de chanvre sur la voie de la préfabrication

En Ille-et-Vilaine, pour habiller un bâtiment tertiaire de 1?000 m², l’entreprise LB Eco Habitat a réalisé 31 panneaux préfabriqués en béton de chanvre. Une première pour un chantier de cette ampleur.

 

À Noyal-sur-Vilaine (35), un bâtiment au système constructif innovant est en train de voir le jour sur le site de l’entreprise Triballat-Noyal, spécialisée dans l’agriculture biologique, les aliments lactés et végétaux. L’édifice de deux niveaux, conçu dans une approche durable et environnementale, sera enveloppé de panneaux préfabriqués à ossature bois et remplissage chanvre et chaux. Il abritera dès avril 2018 le service informatique de l’entreprise.

Murs préfabriqués en atelier

Le dirigeant de l’entreprise de maçonnerie LB Eco Habitat, Christophe Lubert, est un fervent défenseur de la filière chanvre depuis une quinzaine d’années. En charge du lot enveloppe et finition, il a associé son savoir-faire à celui de l’entreprise de charpente CMB, qui a réalisé la structure des panneaux?: une ossature bois contreventée, côté extérieur, par des panneaux en fibre de bois faisant office de fond de coffrage. LB Eco Habitat a ensuite effectué le remplissage en béton de chanvre. Christophe Lubert avait déjà expérimenté cette technique de préfabrication –?en cours de brevetage?– sur des extensions de maisons individuelles, mais jamais sur un chantier d’une telle ampleur.

Chantier optimisé en coût et en temps

Pour l’entrepreneur, les avantages de la préfabrication du béton de chanvre sont réels. «?Contrairement à la technique de projection sur site, nous ne dépendons plus de la météo et passons moins de temps sur le chantier, ce qui préserve également la santé des compagnons. Financièrement aussi, l’opération est intéressante, car il y a moins de perte de matériaux?: sur les 90 m³ banchés, nous avons pu récupérer 500 litres?», confirme le dirigeant, estimant avoir économisé entre 20 et 30?% sur ses charges globales par rapport à une solution projetée. De plus, l’utilisation d’une chaux spécialement destinée au béton de chanvre (Tradical Thermo de BCB Tradical, groupe Lhoist) a permis de réduire le temps de séchage - précédemment de 90 jours - à 30 jours. Le gain de temps sur ce chantier est estimé à trois semaines.

Surcoût léger rapidement compensé

Grâce à une approche durable et globale - tous les acteurs du chantier viennent de la région et les matériaux biosourcés utilisés sont issus de filières locales, notamment le chanvre, cultivé à 90 km du site - le bâtiment pourra satisfaire aux exigences du label E+C- (résultat attendu E2/C2), tout en apportant un réel confort d’usage aux occupants. Et, selon Quentin Pichon, assistant à la maîtrise d’ouvrage sur le chantier et cogérant de l’agence d’architecture nantaise CAN-ia, « si cette solution constructive ajoute un surcoût au poste enveloppe - elle représente +?1,1 point par rapport à une solution classique comme l’ITE avec laine minérale -, elle supprime dans le même temps le poste climatisation de la facture, ce qui rééquilibre le budget?».

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