Commande, programme, site, chantier, structure, etc. Tout, dans la Cité de la musique de Rio de Janeiro (Brésil), aura été marqué du sceau de l'exceptionnel. L'histoire commence en 2002 lorsque César Maia, alors maire de la ville, confie à la conception d'un complexe culturel dédié à la musique. Une commande publique directe rendue possible par l'aura et l'expertise mondialement reconnue du Pritzker 1994 en matière de salles de concert - il a signé la Cité de la musique de Paris (1995) et la Philharmonie de Luxembourg (2005). Le programme de cet opus brésilien inclut une salle philharmonique transformable en opéra, mais aussi une salle de musique de chambre, des locaux de répétition, une salle d'électroacoustique, trois cinémas, une médiathèque, un conservatoire, le siège de l'orchestre symphonique du Brésil, etc. Bref, une vraie petite ville à ancrer à Barra da Ticuja, nouveau quartier satellite de Rio, sur un territoire urbanisé à la hâte qui aligne tours et barres entre mer et montagnes.
Après d'innombrables maquettes et esquisses préparatoires, le projet prend forme. "L'idée était d'être dans le site et de donner le bâtiment à voir de loin. J'ai repensé à ma proposition pour le concours du musée national de Corée à Séoul en 1995, qui flottait sur le parc de la ville", explique Christian de Portzamparc. Le parti architectural se cristallise alors en deux immenses plans horizontaux de béton entre lesquels prennent place les coques isolées des salles, entourées des espaces dévolus au public et aux promeneurs, ouverts au vent et au paysage.
Imaginée par Carlos Fragelli et Bruno Contarini - collaborateur de longue date d'Oscar Niemeyer avec 103 réalisations à son actif -, la structure en béton précontraint de ce vaste vaisseau de 90.000 tonnes aura mobilisé pour sa réalisation pas moins de 3.000 ouvriers aux heures les plus intenses, ainsi que tous les échafaudages disponibles au Brésil ! Au total, la superstructure du bâtiment aura consommé 8.000 tonnes d'acier pour son seul ferraillage, 800 tonnes de câbles de prétension et quelque 65.000 m3 de béton... Le tout pour un chef-d'œuvre de sveltesse.
Jacques-Franck Degioanni, envoyé spécial à Rio de Janeiro
En images :
Voir le reportage photo réalisé en octobre 2008 par Jacques-Franck Degioanni
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