Dans les établissements de santé comme dans les Ehpad, la pandémie de Covid-19 a imposé de revoir les systèmes de ventilation afin d'éviter la dispersion des aérosols contaminés. Dès qu'un résident est testé positif, le réflexe est de l'isoler physiquement dans sa chambre ou dans des zones dédiées, grâce à la création de sas. « Il s'agit d'éviter la dispersion de l'air contaminé dans le reste de l'établissement, d'où la création d'un ”verrou aéraulique” », explique Jean-Marie Challot, directeur des opérations de la branche grands équipements fonctionnels au bureau d'études Artelia.
Muni d'une filtration absolue, un caisson aspire l'air contaminé et retient les plus grandes particules susceptibles d'aéroporter le virus. « Conçu pour compléter une ventilation existante, le système réduit la charge virale de l'air avant que ce dernier ne transite par le sas, qui se trouve lui-même en légère surpression par rapport à la zone concernée pour empêcher la diffusion de l'air contaminé », poursuit l'expert. Si ce système composé d'un caisson et d'un sas n'a pas encore été mis en pratique, il intégrera à terme l'étude de conception du projet de regroupement des activités de l'hôpital militaire Robert-Picqué et de la maison de santé protestante de Bordeaux-Bagatelle (Gironde).
« En parallèle, des industriels planchent sur des purificateurs mobiles autonomes qui assureraient un brassage et une filtration d'air de façon locale en vue d'abaisser la charge virale dans certaines zones bien définies », indique Romuald Danguin, responsable technique spécialisé en traitement d'air et sécurité chez Artelia. Testé dans un immeuble tertiaire à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), ce type d'équipement a permis de diminuer la charge virale en continu lors d'une réunion d'une heure rassemblant cinq personnes.
Le casse-tête des salles communes. Mais ces solutions ne sont pas adaptées aux effectifs plus importants comme ceux rencontrés dans les salles communes des maisons de retraite. Ces espaces de vie collective sont d'ailleurs soumis à un double impératif : il s'agit à la fois de les rafraîchir en période de canicule et, à cause du Covid-19, d'y limiter la circulation de l'air. Or depuis l'été 2003, les locaux de jour sont désormais principalement équipés de ventilo-convecteurs rafraîchissants à fort débit, ce qui pose problème dans les conditions actuelles. « De nouvelles techniques doivent donc encore émerger pour le neuf, avec des équipements statiques tels que des plafonds rayonnants qui limitent les mouvements d'air », estime Romuald Danguin.
Dans ce contexte inédit, les rénovations thermiques qui résulteront du décret tertiaire pourraient également accélérer le remplacement des systèmes de ventilation et rafraîchissement. Le simple flux pourrait ainsi céder sa place à des systèmes à double flux dotés d'une gestion et d'un suivi de la qualité de l'air en continu. Ce parti pris technologique permettrait de traiter de vastes volumes et éviterait le confinement des individus dans leur chambre. Un dernier point déterminant aux yeux de Romuald Danguin pour qui « l'ambition est désormais de redonner aux résidents des Ehpad une vie sociale. »