La particularité de Nomade, ce sont ses multiples ancrages territoriaux. Créée à Paris en 2001 par les architectes fraîchement diplômés Vincent Le Garrec, Matthieu Laviolle et Raphaël Chivot, elle se déploie à Vannes (Morbihan) à partir de 2003. Un quatrième associé, Martin Boiteau, a rejoint l'aventure à Marseille, et l'agence dispose d'une quatrième antenne à Bordeaux. Aujourd'hui, l'effectif le plus important se situe à Vannes où 19 collaborateurs se partagent confortablement les quelque 350 m2 du plateau supérieur du bâtiment en béton livré l'an passé. A terme, ils pourront s'étendre au premier étage, pour l'instant loué à une autre société. La plupart des postes de travail se répartissent dans un open space vitré, prolongé en façade par de larges coursives. Pour Vincent Le Garrec, cette continuité entre le dedans et le dehors était fondamentale : « Dans cette ZAC plutôt impersonnelle, nous souhaitions réaliser un bâtiment généreux, donnant à voir la vie quotidienne d'une agence d'architecture. »

Pratique globale et plurielle. A l'intérieur, Matthieu Laviolle se fait guide. « Plusieurs espaces sont à la disposition des collaborateurs pour leur permettre de s'isoler ou de travailler en groupe : petite ou grande salle de réunion, matériauthèque équipée et lumineuse, coin affichage et présentation… L'idée est de favoriser au maximum les échanges en interne. » Car l'agence revendique une pratique globale et plurielle. Sur toutes les étapes qui précèdent le chantier, les projets peuvent être pris en charge sur un site ou un autre, selon les désirs et les plannings, indifféremment de la proximité géographique. « Fonctionner ainsi ouvre à tous les architectes de l'agence le spectre des multiples problématiques en cours à Paris, Vannes, Marseille ou Bordeaux. Ce qui est très enrichissant », complète Matthieu Laviolle.

Au-delà des espaces de travail stricto sensu, les nouveaux locaux font aussi la part belle à la vie commune de l'agence. « Dans notre profession, qui fonctionne sur de larges plages horaires, se crée souvent une véritable communauté autour du travail. Notre outil devait refléter cette énergie, l'importance de ces moments de partage », précise Raphaël Chivot. De l'entrée principale où trône le baby-foot, en passant par le coin café, la cuisine familiale, jusqu'au toit-terrasse et ses terrains de basket et de pétanque, aucun doute, la détente a toute sa place ici.


Loin d'une « architecture signature ». Pour Vincent Le Garrec, ces bureaux en font un démonstrateur. « Sans être révolutionnaires, ils mettent en œuvre les dispositifs que l'on défend au jour le jour dans notre pratique : cette cinquième façade capable, la végétalisation, les coursives, la simplicité du système constructif et ce qu'on en voit, l'intégration paysagère… Nos partenaires et nos commanditaires apprécient. » Mais s'il est à l'image de l'agence, il reste pour autant un bâtiment parmi d'autres dans sa production, volontairement loin d'une quelconque « architecture signature ». « C'est aussi ce que nous avons suggéré en choisissant ce nom plutôt que l'association de nos patronymes, explique Raphaël Chivot. Il nous semble important que Nomade puisse perdurer au-delà de ses fondateurs. »

Après Vannes, c'est à Paris que commencera bientôt le chantier d'un nouvel espace de travail, dans un ancien garage de la Butte-aux-Cailles (XIIIe). De l'expérience de la construction ex nihilo dans une ZAC bretonne à la restructuration lourde en milieu urbain dense. A chaque site ses problématiques, et c'est bien là que se situe l'appétence de Nomade. A quand la construction des bureaux à Marseille ? Les associés travaillent pour l'instant à la création d'une antenne spécialisée sur les thématiques patrimoniales, un autre projet de développement qui leur tient à cœur.

