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La trajectoire carbone de Bouygues Immobilier est validée par le SBTi

Le troisième promoteur national vise, entre 2021 et 2030, une baisse de 42% de ses émissions carbone sur les scopes 1 et 2 ainsi que de 28% sur le scope 3.

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Bouygues Immobilier considère son programme résidentiel Empreinte à Angers comme exemplaire en matière environnementale : biodiversité, matériaux... Le projet est à livrer au troisième trimestre 2024.
Bouygues Immobilier considère son programme résidentiel Empreinte à Angers comme exemplaire en matière environnementale : biodiversité, matériaux... Le projet est à livrer au troisième trimestre 2024.

En exclusivité au « Moniteur », Bouygues Immobilier annonce rejoindre le club fermé des promoteurs à la trajectoire carbone validée scientifiquement. Comme Nexity et Kaufman & Broad notamment, le troisième promoteur national a frappé à la porte de l’incontournable Science Based Targets initiative (SBTi).

« Cet organisme supranational pioche dans les ressources de partenaires », présente Guillaume Carlier, directeur de la stratégie climat de Bouygues Immobilier. Ces derniers sont le CDP, anciennement appelé Carbon Disclosure Project, l’Institut des ressources mondiales (ou WRI pour World Resources Institute), le Pacte mondial des Nations unies et le World Wildlife Fund (WWF).

« Nous avons été audités par un cabinet de conseil américain, puis par un vérificateur basé en Inde, qui nous ont contactés par mail sous la bannière SBTi », confie-t-il.

-28% sur le scope 3 en 2030

Comme la plupart des acteurs immobiliers, des constructeurs aux exploitants, Bouygues Immobilier s’est aligné sur le scenario d’une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à la période préindustrielle. L’année de référence choisie est 2021, et non 2019 comme d’autres promoteurs français.

Bouygues Immobilier vise donc, entre 2021 et 2030, une baisse de 42% de ses émissions de GES sur les scopes 1 et 2 ainsi que de 28% sur le scope 3, le plus difficile à mesurer. Celui-ci englobe le gros des émissions indirectes en amont et en aval de la chaîne de valeur : matériaux de construction, exploitation des bâtiments livrés… D’ici 2050, il table sur -90% sur les activités des 3 scopes.

Et pourquoi ne pas promettre le « zéro émission nette » en 2050 comme Icade, grâce à la compensation des émissions résiduelles ? « Nous n’avons pas intégré cette piste, que nous devons creuser : reboisement et agroforesterie en France, plantation de mangroves en Outre-mer… Icade est en avance sur le sujet car il s’appuie sur d’autres filiales de la Caisse des dépôts, comme CDC Biodiversité et la Société forestière », analyse Guillaume Carlier.

Le coworking exclu du périmètre étudié

Le périmètre choisi par Bouygues Immobilier comprend : le chiffre d’affaires (CA) issu de la promotion immobilière, qui reposait en 2021 à 88% sur le logement, ainsi que les CA 2021 de ses filiales polonaise (environ 1000 logements) et belge (environ 100) mais aussi de sa filiale d’aménagement Urbanera, dont les travaux en rapport avec la voirie et les réseaux divers (VRD) permettent de préparer le terrain à Bouygues Immobilier et ses concurrents.

Les entreprises candidates à une validation par le SBTi de leur trajectoire carbone sont autorisées à « sortir 5% du CA », rappelle Guillaume Carlier. Bouygues Immobilier a choisi de ne pas prendre en compte les 40 résidences françaises exploitées en 2021 par Jardins d’Arcadie, filiale détenue à 49%, ni les 74 000m² de l’exploitant d’espaces de coworking Wojo, détenu à 50%.

« Les résidences gérées et le coworking sont éloignées de nos métiers historiques. Le poids de leur consommation énergétique annuelle, issue essentiellement du nucléaire, est mineure en termes de comptabilité. Là où nous devons travailler, c’est sur la construction neuve. En clair, nous agissons sur les activités où nous avons la main », justifie Guillaume Carlier.

Contrairement à d’autres promoteurs, Bouygues Immobilier parle en valeur absolue. Traduction de Guillaume Carlier : « Si notre CA grossit, nous n’aurons pas le droit à plus de CO², car le gâteau de 1,5 degré n’est pas à extensible à l’échelle mondiale. »

La décarbonation de ses chantiers est en marche. « Nous allons sortir du cadre 100% neuf. Notre activité de construction atteindra des niveaux d’excellence en matière environnementale. En résidentiel, nous tâcherons d’être plus performants que la RE2020 », illustre-t-il.

Biosourcé, réemploi : les leviers à actionner

Plusieurs leviers sont à actionner. L’abandon du béton conventionnel CEM1 et CEM2 au profit des produits dit « bas carbone » comme le CEM3, le CEM6 ou le H-UKR est une piste. « Dans dix ans, nous aurons du béton sans clinker, remplacé par de l’argile, donc zéro carbone », parie-t-il. Bouygues Immobilier compte également intégrer des poteaux-poutres hors-site dans ses programmes résidentiels, et non plus uniquement tertiaires. Objectif : couler moins de béton.

Concernant la montée en puissance du biosourcé, la part visée de terre crue, paille… dans ses programmes résidentiels et tertiaires en % de m² livrés en 2030 est de maximum 10% par rapport à 2021. « Nous n’avons pas encore de suivi centralisé de la part de matériaux biosourcés en % de m² livrés, explique Guillaume Carlier. Depuis fin 2022, 100% des projets comprennent au moins un matériau biosourcé : isolant, peinture, structure... »

La part souhaitée du réemploi est d’environ 5%. Dans la lignée de l’objectif du Booster du réemploi dont Bouygues Immobilier fait partie. « Cela semble faible mais c’est énorme car en 2022, le secteur du bâtiment était à moins de 1% de réemploi dans les matériaux ou produits de construction employés dans le projet de construction », observe-t-il.

Citons enfin la fin du gaz d’ici 2028. « Pour le scope 3 B, c’est-à-dire sur le volet exploitation, tous nos logements seront livrés avec une pompe à chaleur, une chaufferie biomasse ou raccordés au réseau de chaleur urbain, annonce-t-il. Nous ne nous sommes pas adressés à GRDF pour du gaz vert. »

Trois cabinets en soutien

Bouygues Immobilier a été accompagné par Carbone 4, Tribu Energie et Pouget Consultant. « Ces trois cabinets nous ont permis de partir d’une photographie de 2021 », explique Guillaume Carlier. Ont été analysés les 600 000m² sur le point d’être lancés ou en cours de travaux, entre le 1er octobre 2019 et le 30 septembre 2021. En logement, le promoteur est arrivé à une moyenne de 1100kg/CO2/m² sur une exploitation de 50 ans. En bureau : 1070kg/CO2/m².

Au sein du groupe Bouygues, chaque métier (Colas, TF1…) a construit sa propre stratégie. Bouygues Construction et Equans doivent encore la certifier auprès du SBTi.

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