Des chercheurs de l'Université Technologique de Sydney viennent de mettre en évidence la faculté "anti-surchauffe" d'une superposition de couches de polyester sur un film d'acier. Ce "sandwich de polymères" permettrait de réaliser des toitures dont la température ne dépasse pas celle de l'air ambiant, même quand elles sont soumises à un rayonnement solaire intense. Autrement dit, un toit que vous pourriez arpenter pieds nus sans vous brûler, même sous le soleil du midi.
Interrogé par LeMoniteur.fr, le Docteur Angus Gentle indique humblement que lui et son collègue, le professeur Geoff Smith, n'ont rien inventé. "Le sandwich de polyester que nous avons utilisé est un produit disponible dans le commerce, nous avons simplement ajouté une couche d'argent sur la partie inférieure, et constaté que nous avions entre les mains un produit idéal pour les toitures".
Durant la saison chaude, du fait de la chaleur emmagasinée par les bâtiments et issue de l'activité humaine, les températures sont souvent, dans les villes, supérieures de plusieurs degrés à celles de leur proche périphérie. Le thermomètre peut monter très haut, les urbanistes parlent alors d' "îlots de chaleurs urbains". Leur apparition provoque, au mieux, une surconsommation de climatisation, au pire, une aggravation du nombre de victimes lors d'épisodes caniculaires. Comme celui qu'a connu l'Europe en 2003 et dont le bilan s'est élevé à 70 000 morts.
Des chercheurs américains du Lawrence Berkeley National Laboratory estiment que le recouvrement, dans les agglomérations américaines, des toitures bitumineuses noires par des peintures claires - dont le facteur de réflectivité est nettement supérieur - permettrait à lui seul d'économiser, chaque été, environ un milliard d'euros sur la facture américaine de climatisation.
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Plus fort que le toit blanc
La découverte des chercheurs australiens permet de nourrir des attentes encore plus grandes. "La température d'un toit blanc peut tout de même se situer une dizaine de degrés au-dessus de celle de l'air ambiant, explique le professeur Smith. Alors qu'en absorbant seulement 3% des rayons solaires incidents, tout en rayonnant la chaleur des longueurs d'ondes infrarouges, notre dispositif permet de disposer d'une toiture dont la température ne dépasse jamais celle de l'air ambiant".
Les couches de polyester choisies forment ce que les physiciens nomment un réseau de Bragg. Technique notamment utilisée pour guider les ondes dans les fibres optiques, cette superposition de matières aux indices de réfraction différents permet d'obtenir un étonnant réflecteur.
Afin de vérifier que l'accumulation de poussières en surface et la pollution n'altèrent pas les performances du "sandwich", les chercheurs australiens l'ont installé sur une toiture située à 20 mètres d'une route très fréquentée. Conclusion, le dépôt de saleté n'a pas dimininué sa capacité à repousser l'énergie solaire.
Pour Angus Gentle, ce travail scientifique ne devrait pas tarder à changer la face de nos toits. "Ce sandwich de polyesters réfléchit 97% des rayonnements solaires, il est difficile d'espérer trouver un dispositif permettant d'obtenir de meilleures performances... Les fabricants de toiture devraient donc prochainement revoir leurs gammes."
Ceux qui souhaitent en savoir plus peuvent consulter l'article publié (en anglais) par les deux chercheurs australiens dans la revue scientifique "Advanced Science".