En pleine négociation exclusive avec CDC Capital Investissement, capital investisseur filiale de la Caisse des dépôts, en vue de lui ouvrir son capital aux côtés des managers et salariés de l'entreprise (voir encadré), Jacques Jessenne, directeur du développement de Socotec, explique les raisons de cette évolution et le projet de développement qui l'accompagne.
lemoniteur.fr : Pourquoi Socotec, actuellement détenue par ses salariés et anciens salariés retraités, projette-t-elle d'ouvrir son capital ?
Jacques Jessenne : Notre structure de capital n'est plus adaptée aux évolutions du marché mondial de la maîtrise des risques. Nous sommes arrivés aux limites de notre système. D'abord, la valeur de l'action de Socotec croît plus vite que les salaires du personnel de l'entreprise ce qui rend plus difficile l'achat d'actions par les salariés malgré l'abondement parfois proposé par l'entreprise. Sur ce point nous risquions d'arriver à un blocage. Par ailleurs, les anciens salariés retraités actionnaires sont toujours plus nombreux et atteindront bientôt 20% de l'actionnariat. Or, ils ont davantage un comportement d'épargnant que d'actionnaire désireux d'accompagner l'entreprise dans ses projets de développement. Enfin, et c'est là un facteur-clé, nous devons accélérer notre système de décision pour prendre des positions stratégiques plus rapides en croissance externe. Nous avons choisi d'engager des négociations avec CDC Capital Investissement, capital investisseur filiale de la Caisse des dépôts, pour finaliser notre projet de restructuration.
lemoniteur.fr : Pourquoi CDC Capital Investissement ?
Jacques Jessenne : Parmi les critères de choix nous tenons particulièrement à ce que le nouvel actionnaire nous accompagne, d'une part, dans la durée, et d'autre part, dans notre croissance externe à l'international alors que le marché est en phase de concentration depuis une dizaine d'années. Socotec a actuellement quelques projets de petites et moyennes acquisitions, dont un en Allemagne et un en Pologne. Mais si nous n'accélérons pas ce mouvement, nous allons nous fragiliser. Nous visons en particulier un développement prioritaire dans les Nouveaux Etats membres de l'Union européenne, les pays du Maghreb, les émirats arabes… CDC Capital Investissement, qui ne s'impliquera pas directement dans notre stratégie opérationnelle, adhère totalement à cette ambition de développement à l'international.
lemoniteur.fr : Comment réagissent les salariés de Socotec ?
Jacques Jessenne : Les premiers échos internes à ce dialogue exclusif, qui doit nous amener à modifier les statuts de l'entreprise et à un choix final avant la fin de l'année, sont bons. Le dialogue se poursuit avec les partenaires sociaux parallèlement aux négociations avec CDC Capital Investissement. Rappelons qu'en juin 2007 les actionnaires de Socotec ont donné à une très large majorité un mandat au conseil d'administration pour rechercher un nouvel actionnaire. L'ouverture de capital correspond d'abord à un beau et ambitieux projet de développement de l'entreprise. Elle porte sur 100% du capital sachant que 25% de ce capital pourra être racheté par les salariés qui le désirent. Les 900 000 actions Socotec cotées chacune à 148 euros en juin 2008 (107 euros en juin 2007) ne seront pas rachetées à un prix inférieur à 250 euros fixé dans le cahier des charges.
Propos recueillis par Dominique Errard