«Dans le gros œuvre, tout est lourd », donc pénible et potentiellement pathogène, observe Gilles Fior, gérant de la Société nouvelle de Maçonnerie à Montier-en-Der, en Haute-Marne. Gilles Fior a repris cette entreprise de bâtiment en 2000. Elle comptait alors cinq salariés. Elle en emploie aujourd’hui huit fois plus. Le patron a donc beaucoup embauché, en particulier des ouvriers qu’il a « vus arriver en mauvais état ». Pour épargner son capital humain, il a mis en place une active politique de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, notamment les troubles musculo-squelettiques. Une politique qui s’est intensifiée ces trois dernières années avec d’importants investissements en équipements et en matériels.
La machine remplace l’homme
Objectif : « Éviter au maximum les manipulations, remplacer le plus possible l’homme par la machine. » La pierre angulaire de cette stratégie basée sur une économie de gestes et d’efforts, c’est le travail en atelier. La PME a investi à cet effet dans une imposante table de préfabrication qui permet de fabriquer poutres et linteaux à l’abri des intempéries, et d’éviter les coffrages et les étaiements sur site. Un achat conséquent complété par l’acquisition de 120 coffrages manuportables destinés à réaliser des coffrages de poteaux en limitant la manutention. L’atelier lui-même a été équipé de racks et de paniers où sont rangés étais et serre-joints qu’un chariot élévateur installe sur les camions en partance pour les chantiers. Sur place, une grue est systématiquement installée pour faciliter l’approvisionnement en matériaux. Côté matériaux, justement, la SNM a fait le choix des sacs de ciment de 25 kg (au lieu de 35), et surtout de l’aggloméré collé, « plus cher, mais plus rapide à poser ». « Le Bloc Béton demande certes plus de précision, mais il apporte un confort de travail supérieur, estime le gérant. Les ouvriers ne souhaitent plus beaucoup travailler à la bétonnière. » Chaque équipe de gros œuvre est également équipée d’une scie électrique à eau permettant de découper la brique ou l’aggloméré sans se baisser ni recourir à la disqueuse. Tout cela a bien sûr un coût, que l’entreprise répercute sur ses factures. « Cela nous pénalise, reconnaît Gilles Fior, et réduit notre compétitivité sur les marchés inférieurs à 200 000 euros. Mais au bout du compte, on est gagnant, car les arrêts de travail eux aussi coûtent cher à l’entreprise. »



