Pourquoi et comment le rapprochement de vos deux organismes s'est-il opéré ?
Éric le Coz, directeur général de Versailles Habitat : Après la parution de la loi Elan, il est rapidement apparu que Versailles Habitat était concerné par l'obligation de regroupement, compte tenu de la taille de son patrimoine et de l'existence d'autres organismes d'habitations à loyer modéré dans le département. En raison de son statut d'office, l'appartenance à un groupe était exclue. Le respect de cette obligation pouvait donc se traduire soit par une fusion, soit par la création d'une société de coordination (SAC). Or, il n'était pas souhaité de fusionner l'office avec une autre structure. Cette volonté d'indépendance s'est traduite par la recherche d'organismes ayant l'envie de constituer une société de coordination et partageant avec Versailles Habitat des principes, des similitudes dans la gestion et l'organisation. Parmi les critères, les organismes devaient être dynamiques dans leur développement, avoir une même logique de gouvernance et notamment une implication et un investissement fort des politiques. Le contact a été pris avec l'OPH Seine Ouest Habitat et la SA d'HLM IRP. Après quelques mois de travail, la SA d'HLM a décidé de ne pas poursuivre, alors que le lien s'est fait avec l'OPH de Seine Ouest Habitat.
Olivier Haumant, directeur général de Seine Ouest Habitat : L'Office Seine Ouest Habitat étant le seul office dépendant de l'établissement public territorial (EPT) Grand Paris Seine Ouest, il est apparu naturel de rechercher une coopération au-delà du territoire de la collectivité de rattachement. Il était souhaité une alliance fonctionnelle, qui puisse apporter un réel avantage dans l'organisation. L'objectif était de développer un projet commun tout en conservant une autonomie dans la gestion. Le partenariat devait permettre à notre organisme de conserver une liberté dans la gestion du patrimoine, dans l'organisation et le lien avec nos locataires. Pour que ce projet puisse réussir, il nous semblait essentiel que les organismes aient une taille comparable et partagent les mêmes valeurs, notamment dans le relationnel avec les locataires et leur place dans la gestion. L'accord devrait permettre un projet d'entreprise équilibré et favoriser pour chacun une indépendance. Il est apparu rapidement que la coopération devait permettre à chacun de gagner quelque chose et d'être plus efficace, d'avoir une compétence plus étendue.
Éric le Coz : Avoir un territoire géographique et politique différent permet d'exclure toute concurrence entre les organismes et est apparu comme un vrai atout. La SAC devient un outil de performance, dont le but est de permettre une amélioration des pratiques de ses membres et un travail collaboratif.
Comment avez-vous défini les futures compétences qui seront transférées à la SAC ? Quelles sont celles qui vous semblent importantes de conserver ?
Éric le Coz : Trois activités apparaissent comme le cœur de l'activité d'un office d'habitation à loyer modéré : la gestion locative, la proximité et la maintenance. Sur ces trois compétences, il a été décidé de partager un savoir-faire, mais pas de mutualiser les moyens. Nous ne cherchions pas une mutualisation, mais la recherche d'une émulation. La SAC doit permettre le développement de nos capacités de créer et l'émergence de solutions innovantes. Elle vise à améliorer le travail au quotidien de nos collaborateurs.
Olivier Haumant : Il a été recherché un échange de compétences entre nous deux, autour de nos atouts. Versailles Habitat a développé des produits pour les séniors et a une expérience sur l'intergénérationnel. Seine Ouest Habitat dispose du label Quali hlm. La SAC sera l'occasion d'un partage des expériences. Le contrôle de gestion peut être partagé, de même que les compétences et moyens de la maîtrise d'ouvrage. Les moyens humains pourront être mobilisés sur des projets des deux organismes en fonction des plans de charge et des besoins. La SAC doit être bénéfique pour nos collaborateurs. Cependant, les salariés resteront sous la responsabilité de leur employeur. Il n'est pas prévu de transfert de salariés.
Parmi les compétences, comment envisagez-vous la définition d'une politique patrimoniale ou de gestion locative ?
Olivier Haumant : Versailles Habitat et Seine Ouest Habitat partagent les mêmes objectifs de croissance et de mixité sociale. Nos deux organismes partagent les mêmes valeurs, ont des capacités financières proches, une gestion similaire et une taille de patrimoine identique. L'écriture de ces documents aurait été plus compliquée si cet équilibre n'avait pas existé. Nos objectifs auraient été en décalage. Nos points communs constituent une force. Nos territoires de développement ne sont pas les mêmes, il n'y a donc pas de concurrence entre nos organismes. Nous pourrons mener une politique commune de réhabilitation. Il sera fixé des objectifs communs en matière thermique, de service minimum, d'aménagement innovation, de confort de vie, de domotique ou de végétalisation. Ces objectifs seront réfléchis en commun mais appliqués de manière différente.
Éric le Coz : Les deux organismes font face à des contraintes communes et des ratios proches notamment concernant le niveau de loyer, le coût du foncier. Nos territoires sont différents mais proches d'un point de vue économique et sociologique. Nous avons comparé nos plans stratégiques de patrimoine et nos conventions d'utilité sociale. Nous avons des points communs. Les futurs documents ne seront pas la somme de nos documents internes. Il s'agira de cadres stratégiques qui constitueront le projet d'entreprise. Nos engagements seront conformes aux attentes de l'État en la matière
Versailles Habitat et Seine Ouest Habitat sont deux offices d'habitation à loyer modéré. Cette similitude de statut juridique vous semble-t-elle être un facteur important de réussite ?
Éric le Coz : La période d'exclusivité qui a suivi la signature du protocole l'a démontrée. In fine , ce sont deux offices qui s'allieront au sein d'une société de coordination. Nous partageons un ADN fort : les offices ont une connexion importante aux politiques locales. Ils sont des outils au service des élus locaux et ont pour raison d'être la mise en œuvre des politiques locales de l'habitat.
Olivier Haumant : Les offices, au service des locataires ont une culture du territoire forte, puisqu'ils rendent compte aux territoires et aux locataires. Il s'agit d'un point commun fort qui trouvera naturellement sa traduction dans le futur projet d'entreprise de la future SAC, mais également dans le mode de fonctionnement et l'organisation. La gouvernance sera exercée à tour de rôle, l'autonomie de chaque organisme sera respectée. La SAC est conçue comme un outil de partage et non de domination, le territoire reste le principal point d'ancrage de chacun des offices.
Quels sont les avantages attendus de cette coopération ?
Éric le Coz : Outre le partage d'expérience, le rapprochement permettra de faire des économies d'échelle, d'être plus performant. La mutualisation des achats pour certains marchés, comme pour les contrats d'entretien des ascenseurs, le traitement de l'amiante ou l'astreinte, nous permettra d'avoir une meilleure performance économique, à la fois financière, technique et qualitative. Il offrira également un lieu d'échange pour nos collaborateurs.
Olivier Haumant : La constitution de groupement de commande permettra de maîtriser les charges et d'avoir des conditions financières plus intéressantes, tout en ayant des exigences plus importantes. Il s'agira donc également d'offrir à nos locataires des prestations de qualité à un prix compétitif. Les locataires devraient donc également bénéficier de ce rapprochement.