Le réaménagement d’un quai, à Marans, et la mise en service d’un autorail entre cette ville et La Rochelle, suffiraient à changer le paysage ferroviaire du nord de la préfecture de Charente-Maritime. En complément des trains express régionaux (TER) et au prix d’investissements réduits, le nouveau service pourrait offrir jusqu’à 20 allers retours quotidiens sur les 23 km de la voie unique, à raison d’un quart d’heure d’une extrémité à l’autre.
Marans va rouvrir sa gare
Point clé du programme électoral du maire de Marans Jean-Marie Bodin, la réouverture de la gare, annoncée pour 2024, rend possible cette perspective. Promoteur du projet de tram-train entre Marans et Tonnay-Charente, l’association Altro voit la nouvelle desserte comme un déclic susceptible de déclencher l’allumage d’une fusée à trois étages.
Outre la mise en service de la desserte périurbaine au nord de La Rochelle, la première étape inclut le déclenchement d’études détaillées sur l’ensemble du projet. La phase intermédiaire se traduirait par le renforcement du cadencement TER au sud de l’agglomération centrale, pour éviter les creux de deux à trois heures en direction de Rochefort. Une inauguration de l’ensemble de la nouvelle ligne pourrait intervenir à l’horizon 2030.
Soutien régional
« Tout cela est possible, à condition que tout le monde rame dans le même sens », considère Michel Caniau, vice-président d’Altro. L’association revendique le soutien des maires concernés. Avant la réunion publique du 3 avril prochain à Dompierre-sur-Mer, elle a déjà engagé la bataille de l’opinion : 1000 signataires, dont une majorité de rochelais éprouvés par le trafic automobile, se sont prononcés pour le projet. « Puis viennent les Mirandais plébiscitant le retour du train, tout comme les sud-vendéens, et enfin les Parisiens qui aimeraient pouvoir se passer de leur voiture pendant leurs vacances », détaille Michel Caniau.
Le soutien manifesté par la région Nouvelle-Aquitaine à la réouverture de la gare de Marans a débloqué un premier verrou. « Outre sa fonction locale, le nouveau service permettra de rejoindre les TGV à La Rochelle », indique Michel Caniau.
Chapelet de nouveaux arrêts
Le troisième étage de la fusée d’Altro inclut l’aménagement de nouveaux arrêts sur des sites particulièrement demandeurs, comme les lycées au nord de La Rochelle, ou les sites touristiques d’Aytré Plage et Angoulins. Dans un périmètre où vivent 326 000 habitants, soit la moitié de la population d’un des départements les plus attractifs de France, Altro défend l’idée de s’appuyer sur l’infrastructure et sur la desserte périurbaine pour contenir l’étalement urbain.
Ancien cadre de la SNCF, Michel Caniau situe ce projet comme une ramification locale d’un réseau plus vaste, présenté en 2021 dans son livre Via Atlantica ferroviaire (Ed L’Harmattan). Dans le prolongement de la ligne Lyon Turin, une relance du rail viendrait irriguer le triangle délimité par les Alpes, le Pays Basque et la Bretagne : un moyen, selon le vice-président d’Altro, de « recoudre la France et d’unir les Européens ».