Si l’air extérieur est soumise à une surveillance en continu pour de nombreux polluants dits réglementés, ce n’est pas le cas de la qualité de l’air à l’intérieur des logements. Les Campagnes Nationales Logement ont donc pour ambition d’assurer un suivi de l’évolution de la qualité des environnements intérieurs, où nous passons une grande partie de notre temps.
L’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), livre les premiers résultats de la deuxième Campagne Nationale Logements (CNL2) menée entre novembre 2020 et février 2023. Elle documente l’évolution de la qualité de l’air dans les logements en France hexagonale depuis la précédente campagne (2003-2005), avec plus de 170 polluants mesurés.
Amélioration globale
Ce premier rapport de la CNL2 porte sur les résultats relatifs aux composés organiques volatils (COV) et semi-volatils (COSV), le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines (PM 2,5) et le radon.
De manière générale, l’OQEI observe une amélioration globale de la qualité de l’air intérieur dans les logements. Une baisse des concentrations en COV, aldéhydes et particules dans l’air des logements est observée en 15 ans. Plus précisément, cette baisse est marquée par la diminution de 80 % des COV chlorés (1,4-dichlorobenzène, trichloroéthylène et tétrachloroéthylène) souvent utilisés comme solvants ou désinfectants dans de nombreux produits de bricolage, industriels ou domestiques. A cela s’ajoute une baisse de 28 % pour le formaldéhyde (présent dans les émissions de produits bois), de 33 % pour les particules fines (PM2,5, associées au tabagisme, au trafic routier et aux autres activités de combustion) et de 47 % pour le benzène (trafic routier et activités de combustion).
Aucune évolution n’a été observée pour certains polluants comme le radon.
Réglementation et sensibilisation efficaces
L’évolution des dispositifs règlementaires explique en grande partie ces améliorations. L’interdiction de certaines substances dans les produits de construction, l’étiquetage obligatoire, mais aussi les actions de réduction des émissions de polluants dans l’air ambiant, les actions de sensibilisation à la QAI et les mesures incitatives visant à diminuer le nombre de fumeurs, jouent sur la diminution des concentrations en polluants.
Les particules fines, encore trop présentes
Cependant, la vigilance reste de mise, car si l’amélioration est globale, la pollution reste élevée pour certains logements. Plus précisément, les particules fines dépassent l’objectif cible de 10 μg/m3 dans plus de 70 % des logements ! D’autres polluants dépassent encore trop souvent les valeurs seuils : le radon (8 %), le formaldéhyde (6 %), le dioxyde d’azote (3 %), le benzène (1,4 %), le trichloroéthylène (0,05 %). Leur simple présence est source de préoccupation pour les occupants.
L’étude souligne aussi le fait qu’un grand nombre de polluants détectés dans l’air ne disposent pas aujourd’hui de valeurs de référence permettant de situer le niveau de pollution.
Ventilation, moisissures, pesticides… la recherche continue
Les données collectées dans le cadre de cette campagne continuent à être analysées par l’OQEI. Elles vont permettent d’approfondir les recherches sur l’état de la ventilation dans les logements, les problèmes d’humidité et de moisissures ou encore d’évaluer l’impact socio-économique de la qualité de l’air intérieur. L’Anses a par ailleurs financé des mesures spécifiques aux pesticides dans l’air intérieur et dans les poussières, dont les résultats seront publiés au second semestre 2025.
Quoi qu’il en soit la France se classe correctement dans les études internationales d’envergure menées en Europe ou en Amérique du Nord. En effet, les niveaux observés dans la CNL2 sont globalement du même ordre, voire même un peu moindre.
Méthodologie
Cette campagne a associé des mesures de qualité de l’air au domicile des participants à une enquête sur les caractéristiques des logements, des ménages et des équipements présents, un descriptif des activités domestiques (travaux, ménage, cuisine, tabagisme…) et la perception du confort par les occupants. Ainsi, l’enquête a été menée dans 571 logements – maisons individuelles et appartements – présents dans 321 communes réparties dans toute la France hexagonale et 1 516 individus ont été interrogés. La méthodologie d’enquête permet d’extrapoler les résultats à l’échelle du parc de 30 millions de résidences principales en France hexagonale.
Ce suivi de la qualité de l’air intérieur dans le temps a été rendu possible par les contributions financières de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), la Direction générale de la santé (DGS), la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DHUP), l’Agence de la transition écologique (ADEME), Santé publique France et l’Anses par le biais de son dispositif de phytopharmacovigilance.