La culture en aéroponie (sans substrat inerte) fait ses premiers pas dans une toiture luxembourgeoise à Bettembourg, au sud du Grand-Duché. Serre de 65 m2, la « ferme urbaine », où cette forme de culture hors-sol se développe depuis septembre 2014, coiffe le bâtiment inauguré le 11 juin, et construit sous maîtrise d’ouvrage de la grappe d’entreprises Neobuild, après un investissement de 6 millions d’euros pour 2200 m2 répartis sur trois niveaux (voir Focus).
Marché prometteur
« Nous avons relevé le défi de d’installer en un temps record une serre très légère grâce au remplacement du verre par un matériau plus léger (film ETFE) et grâce à la mise en place de cultures hydroponiques », résume Haissam Jijakli, professeur d’agriculture urbaine à Gembloux (Wallonie) mobilisé par Neobuild. Urban Farm a également associé les entreprises Ortec (conseil et montage de la serre) Heuvel-Folies-Serres (producteur de serres industrielles) et Grow’lux (culture aéroponique).
Délégataire de l’exploitation de la cantine de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment, voisin du nouveau centre d’innovation, Sodexo a servi aux salariés et aux élèves les premières salades produites en toiture du nouveau bâtiment.

« L’aéroponie ne permet pas d’accéder aux labels bio, même si nous n’utilisons que des nutriments biologiques », souligne Bruno Renders, administrateur délégué de Neobuild, avant de situer l’enjeu économique d’Urban Farm : « Les toits plats des bâtiments industriels et tertiaires du Grand-Duché offrent 20% de surface en plus que les terres du pays actuellement cultivées pour la production maraîchère ». Cette analyse sous-tend l’idée d’un transfert d’expérience à grande échelle.
Dépolluer l’air intérieur
Sur le plan technique, l’instrumentation d’Urban Farm vise à étudier la capacité des cultures à dépolluer l’air extrait du bâtiment par la ventilation mécanique. Ces études vont se poursuivre à l’occasion de l’extension verticale programmée par l’IFSB. Cet agrandissement inclura une nouvelle serre, plus grande que la première, avec un accent plus important sur l’intégration paysagère auquel participera une start-up des aménagements extérieurs en phase d’incubation sur le site. Outre sa vocation à renforcer l’économie circulaire dans l’alimentation des salariés et des élèves, ce chantier expérimentera des bétons drainants pour la récupération et la rétention des eaux pluviales.
Derrière les enjeux techniques et économiques, Bruno Renders développe une vision sociétale ambitieuse : « Les mondes de l’agriculture et du bâtiment ne sont pas habitués à se parler. Nous avons vocation à les rassembler ».