Le quartier Cristino-Garcia est le seul vrai quartier d'habitat de la plaine-saint-denis. Cette ancienne zone industrielle de 600 hectares s'étendait aux portes de Paris, à cheval sur les communes de Saint-Denis et d'Aubervilliers. Aujourd'hui en cours de reconversion, suivant un projet urbain élaboré depuis 1994 par l'équipe d'architectes Hippodamos et dynamisé par l'implantation du Stade de France en 1998, l'ensemble de la zone se transforme progressivement en ville véritable avec des fonctions diversifiées, réparties selon une certaine mixité. Nul doute que l'implantation du village olympique, dans le cas où Paris serait retenu pour les Jeux de 2008, constituerait un nouvel événement sportif, accélérateur de cette extraordinaire mutation urbaine.
Dans ce contexte, le quartier Cristino-Garcia, situé en vis-à-vis de la nouvelle gare RER qui dessert le Stade de France, à proximité immédiate du futur parc de la Plaine et de l'éventuel village olympique, pouvait sembler particulièrement menacé. Son identité forte, due notamment à l'importante colonie espagnole qui l'a investi depuis le début du siècle, la typologie spécifique de son bâti - de petites maisons d'architecture vernaculaire - ont conduit la SEM Plaine Commune Développement à opter pour sa réhabilitation et sa reconstruction progressive, selon une méthode d'intervention douce. Coordonnées par l'architecte Christian Devillers, les études ont d'emblée distingué deux zones. Les petites parcelles qui concentrent les maisons (notamment autour des passages Boise et Dupont) seront préservées, et le bâti dégradé fera l'objet d'une succession de micro-opérations de démolition-reconstruction, découpées en huit phases d'intervention. Les études préliminaires sont menées par l'agence d'architecture Jam.
En revanche, les grandes parcelles occupées par des activités et des entrepôts sont appelées à muter. Elles sont regroupées depuis janvier 2001 dans une ZAC, dont le cahier de recommandations architecturales et urbaines, rédigé par Christian Devillers, est particulièrement précis sur les limitations de hauteur, mais aussi sur les traitements de détails : clôtures, soubassement, garde-corps... « Pour être certains de réaliser nos objectifs dans cette ZAC, nous avons demandé aux promoteurs intéressés de piocher dans une liste d'architectes que nous leur recommandons », précise Catherine Adèle, chargée de projet à Plaine Commune Développement.
Ainsi, seulement 250 à 300 nouveaux logements (dont la moitié en PLA) pourront être construits, dans une volumétrie sévèrement contrôlée, qui joue la continuité morphologique avec le tissu existant : le bâti doit être organisé en bandes parallèles, orientées nord-sud et séparées par des cours plantées, avec des passages piétons permettant l'accès aux coeurs d'îlots ; les hauteurs de ce bâti sont limitées à R 2 ou R 3 (dérogation à R 5 sur le square implanté face à la gare RER), avec recul des étages supérieurs par rapport à l'alignement ; enfin, il doit présenter une certaine mixité en accueillant environ 10 000 m2 de bureaux à proximité de la gare. Sans oublier, en partie est, dans le prolongement du mail qui mène au Stade de France, une suite d'espaces publics qui rattachent le quartier à son environnement : square de 3 000 m2 (Atelier Ruelle, paysagiste), parvis de la gare, parking planté... Ils s'échelonnent le long du tracé du futur tramway qui irriguera toute la Plaine-Saint-Denis en la connectant directement à Paris.
FICHE TECHNIQUE (p.131) :
Aménageur : SEM Plaine Commune-Développement
Etudes préliminaires et architecte-coordonnateur de la ZAC : Christian Devillers (Vincent Marniquet, Christophe Denarié, Patrick Thomas, assistants)
Etudes préliminaires pour les opérations de démolition-reconstruction : Atelier Jam, architectes
Programme de la ZAC : 250 à 300 logements (50 % PLA, 50 % accession), bureaux (10 000 m2), espaces publics
Calendrier : création de la ZAC, janvier 2001 ; choix des maîtres d'ouvrage et des architectes, avril 2001
PHOTO :
Vue du quartier Cristino-Garcia vers le nord. en haut, le stade de France.
PLAN :
Périmètre de la Zac et plan-masse indicatif des nouveaux logements à construire sur les grandes parcelles : les bâtiments sont organisés en bandes parallèles, séparées par des cours plantées et des passages piétons permettant l'accès aux coeurs d'îlots.