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La nouvelle gare de Nantes se livre au public

La nouvelle gare SNCF de Nantes imaginée par l’architecte Rudy Ricciotti a été livrée vendredi 20 novembre au terme de trois ans de travaux.

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La nouvelle gare de Nantes est un ouvrage d’art couvert construit sur des bâtiments existants et qui fait la liaison entre le centre-ville et le quartier EuroNantes.

Alors que le chantier conduit par Demathieu Bard a bien été livré dans les temps, l’ouverture au public de nouvelle gare de Nantes s’est fait attendre. Prévue en juin, puis en septembre, elle a finalement été fixée au 20 novembre, en plein confinement.

En guise de festivités pour marquer l’événement, les officiels ont dû se contenter d’une inauguration laborieuse en visioconférence.

Même la star du projet, l’architecte Rudy Ricciotti avait fait faux bond et les explications architecturales du projet nous ont été données par le biais d’un Rudy débraillé et inaudible filmé avec un smartphone.

Le plus simple était donc de se rendre sur place. En découvrant la nouvelle gare et sa rue aérienne posée 10 mètres au-dessus des rails, plusieurs commentaires viennent spontanément à l’esprit.

Ce nouvel équipement est incontestablement un réel exploit technique et une réussite au plan urbanistique. En revanche, si l’architecture possède quelques qualités, certains choix comme cet alignement de faux arbres dans la mezzanine sont contestables.

"Rue aérienne" de la gare de Nantes
"Rue aérienne" de la gare de Nantes "Rue aérienne" de la gare de Nantes

Une rue aérienne posée 10 mètres au-dessus des rails avec un étrange alignement d’arbres en béton blanc.

Un projet global de 132 millions d’euros

Sous la maîtrise d’ouvrage de SNCF Mobilités – Gares & Connexions, le projet comportait la construction d’une passerelle-mezzanine de 160 mètres de longueur et culminant à 18 mètres de hauteur afin de relier la gare Nord avec la gare Sud.

Il comportait également la rénovation d’une partie des bâtiments voyageurs Nord et Sud de la gare ainsi que des espaces dédiés au public afin d’augmenter le confort des usagers. 

Ce projet, qui devait tenir dans un budget travaux serré de 37,5 millions d’euros HT, a été conduit en conception-réalisation par Demathieu Bard et André BTP, avec l'architecte Rudy Ricciotti, l'agence nantaise Forma 6 ainsi que les bureaux d'études Bérim (TCE), Lamoureux Ricciotti Ingénierie (structure), AGI2D (HQE) et Acouphen (acoustique).

La nouvelle gare s’inscrit dans un projet plus large comprenant des aménagements ferroviaires indispensables (dévoiement des caténaires, pose de heurtoirs…) portant le projet à 67 millions d’euros. Si l'on tient compte de l'ensemble de l'aménagement des parvis extérieurs en complément, le budget d'aménagement du pôle d’échange multimodal (PEM) de Nantes est alors de 132 millions d’euros.

Un lien urbain

La force du projet de Ricciotti, qu’il partageait lors du concours avec Marc Barani (et Quille Construction), est d’être urbain avant d’être architectural.

La gare s’inscrit dans le vaste projet urbain de transformation de la centralité métropolitaine. Au nord, elle s’intègre dans un quartier repensé à la frontière entre le Jardin des plantes et le Nantes historique. Au sud, elle renforce la liaison avec le nouveau quartier EuroNantes Pré-Gauchet.

Le parvis nord a fait l’objet d’un réaménagement qui se terminera avec la livraison en septembre 2021 d’un abri-vélo de 698 places dont les travaux viennent de commencer là où se trouvait la base vie du chantier.

Au sud, le chantier d’espace public a démarré fin août pour une livraison en 2022. L’accès sud deviendra alors une grande place arborée (3 550 m² d’espaces végétalisés) et dotée de longues banquettes circulaires.

L’objectif est de rééquilibrer les flux de voyageurs (25 millions de voyageurs à l’horizon 2030 contre 12 aujourd’hui) au profit du parvis sud où se trouvera la nouvelle gare routière.

En septembre 2021, la première moitié de cette gare routière devrait être construite et à l’issue d’une deuxième phase de travaux, le pôle d’échange multimodal prévoit un équipement doté de 15 quais. 

Un ouvrage d’art couvert

Techniquement, il s’agit d’un ouvrage d’art couvert construit sur des bâtiments existants.

En apparence simple, le bâtiment est un parallélépipède posé sur d’immenses piles de formes variables faisant office de structure.

Sa réalisation, en site occupé par les équipes Infrastructures - Génie Civil et Bâtiment Ouest de Demathieu Bard, sa filiale nantaise André BTP et une centaine de sous-traitant, a représenté un bel exploit. 

« 500 nuits de travaux ont été nécessaires pour venir à bout de cet ouvrage » raconte Franck Becherel, directeur général en charge de la construction chez Demathieu Bard. La réalisation des piles sur les quais a notamment occupé les équipes travaux pendant près de 10 mois.

Un chantier très technique

La solution retenue pour le franchissement des voies est un tablier en béton armé réalisé avec des poutres préfabriquées jointives.

Des chevêtres de liaison permettent d’assurer la continuité du tablier et de l’appuyer sur des piles architecturées en béton blanc par l’intermédiaire d’appareils d’appuis en néoprène fretté. Afin de respecter les exigences du programme, chaque quai reçoit une ligne d’appui composée de 2 fûts de pile, les appuis étant fondés sur un réseau de micropieux.

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Tablier de la gare mezzanine de Nantes Tablier de la gare mezzanine de Nantes

18 piles de 10 mètres de hauteur, toutes différentes, supportent le tablier de la gare mezzanine.

La pose des poutres de ce tablier a été l’opération clé du chantier, les équipes ne disposant que de 5 heures par nuits. Au total, 200 poutres d’une longueur moyenne de 20 mètres et d’un poids de 40 tonnes au maximum ont été nécessaires pour réaliser la structure de la mezzanine de 4 000 m².

Le tablier est clos par des murs rideaux vitrés ceinturant le tout avec, en rives latérales de la toiture, des brise-soleils en Béton Fibré à Ultra hautes Performances (BFUP).

Un curieux alignement d’arbres morts

Cette mezzanine très largement vitrée offre un panorama nouveau sur la ville et accueillera des commerces comme pour tous les nouveaux projets de Gare & Connexions.

Cette réussite est toutefois gâchée par un curieux alignement de 18 arbres en béton blanc, réalisé pourtant avec talent par l’Atelier Artistique de Béton. Il s’agit de poteaux alignés verticalement avec les piles, qui supportent une toiture en charpente métallique. Censés faire écho au splendide jardin des plantes voisin, ils font au mieux penser à des arbres morts, au pire à un pastiche de mère nature. 

Les principaux défis techniques et chiffres clé du chantier

 

• Travaux réalisés en site occupé : utilisation de matériel limitant les encombrements

• Désamiantage, gestion du plomb et de la dépollution des sols

• Démolition partielle et restructuration des bâtiments voyageurs

• Respect de l’architecture : choix de bétons clairs ou bétons blancs avec de fortes exigences sur les élévations

• Dimensions hors normes de la charpente métallique et des murs rideaux de la mezzanine

• Conception sismique d’un bâtiment conçu comme un pont

• 500 nuits de travail nécessaires durant les 3 ans de chantier

• 18 piles de 10 mètres de hauteur, sur chacune12 micropieux type 3 de 20 à 25 ml

• Un tablier de 1,10 m d’épaisseur

• Une superstructure culminant à 18 m

• Les parois latérales sont composées de murs rideaux de 5,50 m de haut

• Les accès à la mezzanine se font par l’intermédiaire de 12 escalators et 8 ascenseurs

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