Une maison qui ronronne et s'éclaire à l'approche de ses occupants, s'éteint et clos ses volets à leur départ, détecte et signale une fuite d'eau: il ne lui manque que la parole et pourtant, elle communique.
Pas vraiment une innovation, le "bâtiment communicant" existe depuis près de vingt ans dans le secteur tertiaire - bureaux, hôpitaux, petites collectivités - où ses prestations ont permis de rationnaliser la consommation d'énergie: plus question de partir en week-end en laissant la lumière ou l'écran d'ordinateur allumés.
Mais, depuis deux à cinq ans, ces technologies interactives qui rendent la maison "communicante" s'adressent de plus en plus aux logements individuels, assurent les professionnels présents cette semaine au salon Interclima à Paris.
Eloge de la paresse
"En premier lieu, c'est la quête du confort et de la sécurité qui poussent les particuliers vers nous, mais aussi la hausse du pétrole et une sensibilité accrue des citoyens aux dérèglements de la planète", estime Isabelle Guillaume, responsable du marketing stratégique du groupe Schneider, qui évoque une demande en hausse de 15 à 20 % par an.
"Le principe mis en oeuvre dans le bâtiment tertiaire depuis des années est de consommer la juste quantité d'énergie au bon moment. On réussit ainsi à diminuer la facture de chauffage de 7%, pour un surcoût de 1 à 2% à la construction", explique Florian Perrois, spécialiste du génie climatique chez Schneider.
Dans les immeubles de bureaux, c'est souvent le badge de l'employé qui déclenche à son arrivée le chauffage et l'éclairage de son bureau, allume son ordinateur et ouvre les stores. Quand il repart, le signal émis éteint tout derrière lui.
Bardée de capteurs et de sondes qui mesurent vent, température, soleil, luminosité, présence humaine, la maison intègre ces paramètres et s'auto-régule: si le soleil tape contre une vitre, les persiennes vont s'abaisser et le chauffage baisser.
"Le confort, c'est la possibilité pour les occupants de définir le scénario de leur choix", souligne Frederic Stuckelberger, directeur du marketing de ABB, groupe suisso-suédois: heures de départ et de retour prévues, absence d'un week-end ou davantage, température souhaitée, volets ouverts ou fermés à leur arrivée, musique douce et lumière tamisée en option.
"Le tout est piloté par une ou plusieurs télécommandes et surtout peut l'être par SMS depuis un téléphone portable ou via internet à l'autre bout du monde", ajoute-t-il. Et si la maison détecte une fuite d'eau à la cave ou un intrus, elle pourra appeler à l'aide par les mêmes voies.
Des investissements rentabilisés en trois ans
Autre argument, mis en avant par Jacky Dubuc, du groupe Hager: "Tous les ordres peuvent être activés par commande vocale, par exemple par une personne lourdement handicapée. Mais, regrette-t-il, les clients ont encore du mal à s'informer sur ces prestations.
ABB, qui revendique l'une des gammes de capteurs les plus vastes du marché, est surtout implantée en Allemagne où près de 20.000 artisans sont formés au bâtiment communicant. "En France, où nous démarrons, nous n'en comptons encore que 200 environ", selon M. Stuckelberger.
"Pourtant, les investissements sont rentabilisés en trois ans et parfois même plus vite dans les entreprises", assure-t-il.
Anne Chaon (AFP)