Situé au cœur d'une des zones les plus denses du Grand Paris, en Seine-Saint-Denis, le chantier du lot 1 de la ligne 16 du métro, surnommé « mégalot », concentre les difficultés. Ce tronçon, qui couvre un linéaire de 19,6 km, de Saint-Denis Pleyel à Aulnay, compte plusieurs ouvrages de génie civil d'envergure, dont quatre gares souterraines. Au moment du pic des travaux début 2021, six tunneliers creuseront simultanément. Du jamais vu pour un seul lot de construction.

Trois tunneliers ont d'ores et déjà commencé leur travail. Fournis par le fabricant allemand Herrenknecht, ils avancent au rythme moyen de 12 m par jour dans les profondeurs du nord francilien. Coordonner leur trajet nécessite des aménagements particuliers, comme de recourir à un ouvrage d'entonnement, en construction aujourd'hui aux abords de la gare RER du Bourget. A terme, cette infrastructure assurera la séparation des voies ferrées des lignes 16 et 17 qui emprunteront un tunnel commun entre les gares de Saint-Denis Pleyel et du Bourget. En attendant, elle sert à orchestrer les départs des tunneliers. « Nous avons exploité la géométrie particulière et volontairement élargie de cet ouvrage pour faire partir trois machines entre juin et juillet 2020. Deux d'entre elles pourront se côtoyer et démarrer à seulement trois semaines d'intervalle », expliquent Alain Truphémus, directeur de projet adjoint à la Société du Grand Paris (SGP) et Pascal Hamet, directeur du projet de la ligne 16 lot 1 chez Eiffage Génie Civil.
Voiles de 1,50 m d'épaisseur. En parallèle de l'avancée des tunneliers, la construction des gares, elle aussi, s'accélère. Les fondations profondes - forage et coulage des parois moulées - sont désormais achevées à près de 95 %. La profondeur des ouvrages, à - 50 m, tout comme l'épaisseur des voiles, autour de 1,50 m, restent exceptionnels. Ces dimensions s'expliquent en partie par la surface des gares à bâtir. Comme celle de Saint-Denis Pleyel, où chacun des quatre étages occupera une surface de 8 000 m². « Nous avons dû réaliser des parois moulées hors normes pour que la structure de la gare puisse résister à la poussée des terres », témoigne Benoît Bussery, directeur du chantier de la gare Saint-Denis Pleyel pour Eiffage Génie Civil.
A présent, les compagnons débutent les terrassements. Sur cette phase du projet, il n'est pas rare que les opérations se déroulent en parallèle d'autres campagnes de travaux. Ainsi, à Saint-Denis Pleyel, deux tunneliers de la ligne 16 passeront cet automne sous le faisceau des 39 voies SNCF du Landy, site qui assure la maintenance des trains au départ de Paris-Nord. Ils traverseront ensuite la boîte de la future gare Saint-Denis Pleyel, alors que les opérateurs en surface n'auront excavé que les premiers niveaux du bâtiment. La cadence devrait encore s'accélérer début 2021. « Nos génie civilistes évolueront alors aux côtés des entreprises tous corps d'état en charge, elles, de la partie bâtiment, soit 500 personnes au total. Nous adaptons nos ouvrages et nos méthodes pour faciliter la logistique et gagner du temps à toutes les étapes. Un vrai défi », reconnaît Benoît Bussery.
Pourtant, cette souplesse semble déjà insuffisante, comme le montre l'actualité récente de ce chantier à forts enjeux politiques et financiers. Si, au 4 mai, date de reprise du chantier après le déconfinement, la livraison était encore prévue pour les JO de 2024, la SGP vient d'annoncer que cette date ne pourra pas être tenue vu « le calendrier extrêmement tendu » et suite au retard pris avec l'épidémie.