"La Grande Singerie" de Chantilly retrouve ses couleurs

"La Grande Singerie", un boudoir entièrement peint d'un décor exotique oriental raffiné, très à la mode au XVIIIe siècle et dont subsistent peu d'exemples dans le monde, a retrouvé ses couleurs après six mois de restauration au château de Chantilly (Oise).

Cette pièce d'un peu plus de 30 m2, entièrement couverte de peintures, plafond compris, sera inaugurée le 30 janvier. Elle fait partie de l'ensemble des "Grands appartements" du château où habitèrent les princes de Condé.

Ce "décor était très à la mode dès la fin du XVIIe et au XVIIIe", a expliqué à l'AFP la conservatrice de Chantilly Nicole Garnier, "il y avait un goût pour l'exotisme et les salons chinois".

Longtemps considérées de la main de Watteau, les peintures sont désormais attribuées au peintre animalier Christophe Huet (1700-1750), également à l'origine des "Singeries" du château de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) et de l'Hôtel de Rohan à Paris (Archives nationales). Chantilly possède également une "Petite Singerie" de sa main.

Datées de 1737, les peintures représentent, au centre de panneaux sur les murs ou les portes, des singes habillés, effectuant des activités humaines. Au plafond, un décor d'arabesques reprend celui des murs, avec en leur centre, des personnages chinois, les "magots".

"C'est une iconographie très compliquée", dit Mme Garnier, les panneaux "représentent les parties du monde, mais aussi les cinq sens". L'un caricature même le commanditaire, le duc de Bourbon, arrière-petit-fils du grand Condé, sous les traits d'un alchimiste.

La restauration, d'un coût de 530.000 euros, a été prise en charge à parts égales par le groupe de mécènes privés américains World Monuments Fund et la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly. Cette Fondation, créée en 2005 par le prince Karim Aga Khan, gère Chantilly pour son propriétaire l'Institut de France.

Les travaux, du sol au plafond, ont été réalisés entièrement sur place par une équipe de quelque 25 personnes.

La pièce, partiellement restaurée plusieurs fois en un siècle, était "dans une situation de dégradation qui s'était installée", souligne la restauratrice Cinzia Pasquali, une des anciennes responsables de la restauration de la galerie des Glaces à Versailles. "C'était sale, il y avait des fissures dues à l'humidité, un affaissement des boiseries", dit-elle.

La crasse a été nettoyée avec une sorte de savon biodégradable, les dorures restituées à l'ancienne, à la feuille, en mélangeant deux procédés, "à l'eau pour un effet poli, à l'huile pour le mat. C'est le comble du raffinement", dit-elle.

Les restaurateurs, grâce à des études au microscope, ont redécouvert les nuances de tons initiales, des camaïeux de blanc-gris disparus au fil du temps.

AFP

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