La France moderne

Exposition -

Une rétrospective de l'UAM au Centre Pompidou dévoile les liens entre architectes, designers et artistes, des années 1930 à l'orée des sixties.

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Pavillon de l’Union des artistes modernes (UAM) pour l’exposition internationale de 1937 à Paris, par Georges-Henri Pingusson.

Il faudrait traverser l'exposition « UAM, une aventure moderne », placée sous le signe de la couleur et de la trans disciplinarité, à bord de la Rolland-Pilain, la monoplace bleue du film de Marcel L'Herbier, « L'Inhumaine », qui trône dans l'une des premières salles. Fondée en mai 1929 autour du décorateur Francis Jourdain, l'Union des artistes modernes (UAM) se veut plate-forme collaborative avant d'être une association. « On ne peut comparer l'UAM et le Werkbund allemand, qui réunissait industriels et créateurs, avec l'aide de l'Etat et une vraie politique d'industrialisation. Ce qui n'existera jamais en France, où il n'y aura que des salons », explique Frédéric Migayrou, l'un des trois commissaires de la rétrospective. Ce n'est pas non plus une école, à la manière du Bauhaus, mais plutôt un réseau qui irriguera le milieu des modernistes français à la recherche de matériaux nouveaux - béton, métal, verre, etc. -, de techniques innovantes et de rationalisme.

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Pavillon de l’Union des artistes modernes (UAM) pour l’exposition internationale de 1937 à Paris, par Georges-Henri Pingusson. Pavillon de l’Union des artistes modernes (UAM) pour l’exposition internationale de 1937 à Paris, par Georges-Henri Pingusson.

© Reproduction : Bibliothèque Forney / Parisienne de Photographie

« L'UAM regroupe des créateurs qui travaillent ensemble depuis le début des années 1920, d'abord autour d'une modernité rêvée, qui trouve en premier lieu à s'exprimer dans le milieu du cinéma », explique Anne-Marie Zucchelli, commissaire de l'expo sition. Ainsi, durant l'année 1923, de futurs membres de l'UAM travaillent-ils avec l'architecte Robert Mallet-Stevens sur les décors de « L'Inhumaine » puis sur ceux de la villa Noailles à Hyères.

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Vue d’une des salles d’exposition du Centre Georges-Pompidou. Vue d’une des salles d’exposition du Centre Georges-Pompidou.

© Philippe Migeat / Centre Pompidou

Icônes. La villa Savoye (Poissy) et la Cité de refuge (Paris XIII) de Le Corbusier, la villa Cavrois (Croix) de Mallet-Stevens, la Maison de verre (Paris VII) de Pierre Chareau ou encore l'hôtel Latitude 43 (Saint-Tropez) de Georges-Henri Pingusson comptent parmi les indétrônables icônes réalisées par les architectes de l'UAM au début des années 1930, dont ils exposent images et maquettes dans les salons. « Les photographies de l'époque offrent une vision noir et blanc d'un univers complètement coloré », rappelle Olivier Cinqualbre, commissaire de l'exposition. Un univers qui instaure aussi un rapport inédit à la lumière et à la transparence. L'UAM organise quatre salons sous son nom et participe à de nombreux autres, notamment avec des entreprises industrielles. L'Office technique pour l'utilisation de l'acier (Otua, désormais ConstruirAcier) va ainsi passer deux commandes aux architectes de l'UAM : des cabines de paquebot - un programme idéal qui permet de créer un univers fonctionnaliste dans un volume réduit - et du mobilier scolaire qui trouvera son aboutissement dans l'établissement Karl-Marx à Villejuif, d'André Lurçat, et dans l'école de plein air d'Eugène Beaudouin et Marcel Lods à Suresnes. « L'UAM connaît son apogée avec l'exposition internationale de 1937 où Georges-Henri Pingusson construit un pavillon de métal et de verre, avec une façade nautique le long de la Seine, dont l'exceptionnelle maquette d'origine est exposée au Centre Pompidou », précise Olivier Cinqualbre. Ses membres s'y distinguent également dans plusieurs autres pavillons tel le mythique pavillon Saint-Gobain intégralement construit et meublé en verre par René Coulon.

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Dans la Maison de verre de Pierre Chareau (1932), rue Saint-Guillaume, à Paris VIIe. Dans la Maison de verre de Pierre Chareau (1932), rue Saint-Guillaume, à Paris VIIe.

© Centre Pompidou ; MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP

Après-guerre, la reconstruction semble offrir les conditions de l'épanouissement des architectes de l'UAM. Ce ne sera que trop ponctuellement le cas : André Lurçat à Maubeuge (église Saint-Pierre-et-Saint-Paul), Paul Nelson et le peintre Fernand Léger à Saint-Lô (hôpital mémorial France-Etats-Unis), Le Corbusier à Marseille (unité d'habitation), Bernard Zehrfuss à Tours (imprimerie Mame mise en couleur par Edgard Pillet). En revanche, les propositions de l'UAM sur l'aménagement des logements pour le plus grand nombre remportent un vif succès en 1949 pour l'exposition « Formes utiles, objets de notre temps » puis à partir de 1951 au Salon des arts ménagers… Cette nouvelle orientation entraîne l'indépendance de la section « Formes utiles » en 1956, tandis que d'autres membres se dirigent vers le groupe « Espace » à la recherche d'une synthèse des arts. L'UAM cessera ses activités en 1958.

Jusqu'au 27 août 2018, au Centre Georges-Pompidou, Paris IVe . A lire : le catalogue de l'exposition, sous la direction d'Olivier Cinqual bre, Frédéric Migayrou et Anne-Marie Zucchelli, et « Les modernes à l'épreuve » de Cécile Tajean, éditions Norma.

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Au quatrième salon de l’UAM, à Paris, en mai-juin 1933. Au quatrième salon de l’UAM, à Paris, en mai-juin 1933.

© René Herbst / Robert Lallemant

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