La polémique fait rage autour de la future nouvelle loi : par manque d’information et de campagne d’éducation
"Aucune utilité, argent gaspillé, intrusion dans la vie privée.... plus possible de fumer en paix chez soi, produit pas fiable, appel au boycott, etc..." les détracteurs de cette nouvelle obligation d'installer des détecteurs de fumée ont tenté de faire fléchir les députés, mais les jeux semblent être faits. La loi Boutin sur le logement, qui contient l'amendement relatif aux détecteurs avertisseurs de fumées, doit être définitivement adoptée ce 19 février par le Parlement. Les occupants de logements auront alors cinq ans pour s'équiper.
Ainsi, bien après la plupart des pays occidentaux, la France devrait se mettre aux détecteurs de fumée. "C'est un grand pas en avant pour arrêter un fléau", a relevé dans un communiqué le colonel Richard Vignon, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). "Quand on sait que 70% des feux meurtriers d'habitations ont lieu la nuit, la sonnerie d'un détecteur avertisseur pourrait sauver de nombreuses vies".
Ce "fléau" est "en progression depuis 20 ans", rappelle la FNSPF: "de 75.752 feux d'habitation en 1986", on est passé "à 86.373 feux d'habitation en 2002 et 90.571 feux d'habitation en 2005", des chiffres "qui marquent l'absence de culture de la prévention du risque incendie chez les particuliers".
La Fédération préconise déjà un "autre pas pour renforcer la sécurité" qui sera maintenant "d'instaurer un diagnostic incendie, à l'exemple de ceux déjà existants pour le plomb, l'amiante ou les termites".
Pour le député Damien Meslot, ce "combat" se résume en trois chiffres : "800 morts par an, 10.000 blessés et moins de 1% des habitations équipées quand les grands pays occidentaux sont à 70% et plus".
En effet, dès les années 80, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada ou encore les Pays-Bas, rejoints ensuite par les pays scandinaves et la Belgique, ont légiféré pour rendre obligatoire cet équipement. Une chute spectaculaire de 50 à 70% de la mortalité dans ce type d'incendie est intervenue très rapidement, même s'il est vrai que ces pays ont été précurseurs en raison des modes constructifs locaux qui privilégient souvent des matériaux comme le bois.
L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) prépare une campagne de sensibilisation, que les pompiers aimeraient voir dirigée aussi bien vers le grand public, dont les scolaires, que vers les professionnels de la construction et de l'immobilier que sont les architectes, les artisans, les agences, les notaires, les assureurs, etc. "Le détecteur, c'est un peu comme la ceinture de sécurité: ça n'empêche ni le feu, ni les accidents, mais ça en réduit les conséquences", analyse le lieutenant-colonel Queyla, pour qui "dans 15 ans, on ne fera plus de maison sans DAF, c'est tellement évident".
Les industriels du secteur se frottent déjà les mains à la perspective d'un nouveau marché prometteur. Dans un communiqué de presse sous la forme d'une tribune libre, Ei Electronics veut interpeller le grand public. "Il faut remettre les choses dans leur contexte : il ne s'agit pas d'une intrusion dans la vie privée des uns et des autres, ou de l'éventualité de ne plus pouvoir fumer chez soi ! Il s'agit de mettre en place une culture de la prévention, où chacun se sent responsable et fait le nécessaire pour protéger sa famille !". "Que représente 20€ quand un jeu pour Nintendo DS coûte dans les 40 euros et ne fait le bonheur des enfants que quelques mois ...; 20 €, le prix d'une bonne bouteille de whisky ou de quelques bouteilles de vin qui ne durent que le temps d'un repas; le prix de 4 paquets de cigarettes qui vous ruinent la santé...quelques livres ou DVD...?". L'industriel rappelle qu'il existe déjà des produits fiables comme ceux qui portent la certification NF, ou encore la mention CE et la norme européenne (EN 14604), obligatoires depuis 2008.