La Fondation Abbé Pierre dénonce le "non-logement"

Image d'illustration de l'article
© Fondation Abbé Pierre

Comme chaque année, la Fondation Abbé Pierre donne un coup de projecteur dans son rapport annuel sur deux évolutions inquiétantes du marché du logement: la multiplication des habitats de fortune occupés à l'année (camping, cabanes, caves…), qu'elle qualifie de "non-logement", d'une part; le décalage entre la production de logements et l'évolution des revenus des Français, d'autre part.

"Le non-logement recouvre toutes les formes exacerbées du mal logement", explique Christophe Robert, directeur des études à la Fondation. Alertée par les informations remontant des associations sur le terrain et le développement d'habitats précaires, visible à l'oeil nu le long des grandes voies de circulation, la Fondation n'a pu quantifier le phénomène. Mais, il est confirmé par la flambée des demandes de domiciliation assurées par les Centres communaux d'action sociale (CCAS) des communes ou les associations provenant de personnes qui cherchent une adresse pour recevoir leur courrier ou leurs prestations sociales… Autre élément, allant dans le même sens, l'accroissement des inscriptions à l'école d'enfants n'ayant pas d'adresse: dans le département de Seine St Denis, on en dénombrerait 20 000.

Selon la Fondation, ces phénomènes ne touchent pas le public traditionnel des sans-abri. On y retrouve des femmes seules avec enfant, qui hésitent à consulter les services sociaux de crainte qu'on les sépare; des travailleurs pauvres qui trouvent refuge dans des voitures ou des caves, des jeunes…. Ce non-logement est lourd de conséquences car les personnes concernées ne peuvent ni toucher d'aide personnelle au logement, ni faire valoir leur droit à la santé, elles sont contraintes de s'alimenter à l'extérieur…

Des logements construits pour les plus aisés

Autre grande analyse: les évolutions inversées des prix du logement et du revenu des Français qui finissent par pénaliser les classes moyennes. "On n'a jamais autant construit depuis 27 ans, mais cela n'a pas détendu la situation du marché du logement", analyse la Fondation, pour qui "la relance de la construction est décalée par rapport à la capacité financière des ménages". Alors qu'en 2000, 208 300 logements mis en chantier étaient destinés à des ménages dont les revenus étaient inférieurs à des plafonds de ressources (donc modestes), ce chiffre est tombé à 178 900 en 2006, soit 41% de la construction, fait-elle valoir.

Plus finement, seuls 24% des logements étaient destinés à des ménages dont les plafonds de ressources étaient inférieurs aux PLUS (HLM ordinaire), dont on sait qu'ils sont ouverts à 66% des Français. Ce qui signifie, explique Christophe Robert, que 24% de l'offre nouvelle s'adresse à 66% des ménages….et que 76% des logements construits en 2006 sont destinés au tiers des Français les plus aisés. "On a beaucoup construit mais on ne répond pas aux besoins et on est pas près de résoudre ce déséquilibre", commente-t-il.

Chiffres à l'appui, le rapport critique aussi les aides publiques qui "favorisent la constitution de patrimoine plutôt que la satisfaction des besoins sociaux". La Fondation fait valoir que l'aide publique à l'investissement Robien est comprise entre 21 500 et 33 000 euros, entre 14 400 et 25 000 euros pour le Robien recentré et entre 23 900 et 41 500 pour le Borloo Populaire. Ces chiffres tombent à 20 800 euros pour le PLS (les logements les moins sociaux, ouverts aux promoteurs privés), 25 000 euros pour les PLUS (HLM ordinaires) et 34 500 pour les PLAI (HLM aux loyers les moins chers).

Françoise Vaysse

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !