Après la suppression annoncée de l'avantage fiscal accordé au gazole non routier (GNR) aux entreprises du BTP, c'est désormais au tour de la couleur de ce carburant destiné aux engins de chantier de créer la polémique. Jusqu'à présent, ce dernier était en effet fourni par les distributeurs aux entreprises directement coloré en rouge, afin de lutter contre les risques de vols, de vandalisme et de concurrence déloyale avec le secteur agricole. Mais le gouvernement souhaite changer cette procédure, en proposant de faire réaliser ce mélange non plus aux pétroliers, mais directement aux entreprises du BTP, avec une nouvelle couleur.
Le 22 juillet 2020, s'est tenue au ministère de la Transition écologique une première réunion sur le sujet. A l'issue de cet échange, l'ensemble des syndicats concernés - Evolis, DLR, FFB, FNTP, Capeb, Seimat, CNATP et Simotherm - se sont entendus pour adresser une lettre ouverte au gouvernement.
Danger et manque de formation
La solution retenue par les autorités de faire appliquer la nouvelle coloration par les utilisateurs ne passe pas. Les craintes sont multiples. Les organisations professionnelles pointent en premier lieu la dangerosité d'une telle démarche, en raison de la nature très hétérogène des moyens matériels et humains sur les chantiers.
L'autre grande accusation est le caractère inopérant d'un tel processus qui, dans des conditions normales d'exécution, est très encadré : personnel non formé à l'exercice, acquisition d'EPI spécifiques, dosage incertain, dangerosité des colorants et solvants, risques accrus de casse moteur avec des menaces de non prise en charge au titre de la garantie...
Nouveau coût pour les utilisateurs
En outre, les syndicats dénoncent une "double peine" financière. La suppression du GNR représentant pour la profession un coût estimé à 700 millions par an, les entreprises du BTP se verraient en effet subir les coûts associés à la coloration.
Pour ces derniers, qui en appellent à une nouvelle réunion dès le mois de septembre sous peine de forte mobilisation, seules deux options sont envisageables : la mise en place généralisée d'un gazole coloré BTP par les pétroliers, dans le prolongement de ce qui a été fait lors de la création du GNR rouge ; et, au niveau des distributeurs, l'adjonction du colorant dans les cuves des dépôts ou via un additiveur sur les camions de livraison.