Quarante-trois maisons réhabilitées, cinquante-cinq logements et soixante-cinq garages construits, des réseaux, des voiries et l’éclairage public requalifiés ont constitué le vaste chantier lancé par ICF Habitat Nord-Est en 2012 «pour restructurer des habitats en fin de vie», indique Romuald Sarraute, responsable patrimoine. «Un chantier pharaonique pour un bailleur social qui a pris acte du classement du site à l’inventaire des monuments historiques pour sa réhabilitation», souligne Valérie Flicoteaux-Melling, architecte de l’agence parisienne 3+1 Architectes, qui, avec son associée Mathilde Calba, a conduit un chantier complexe sur un site encore occupé par ses habitants. «Nous y avions une vingtaine de logements libres, précise Romuald Sarraute. Cela nous a permis de mener une opération-tiroir avec une gestion sociale et locative idéales».
Bâtie en 1921 et 1922 dans un cadre de verdure situé en entrée de ville et à l’ouest des voies ferrées, la Cité du château s’exhibe, à la fois préservée et contemporaine. Entre patrimoine cheminot, modernité et exigences énergétiques d’aujourd’hui, l’ensemble restitue l’ouvrage de Raoul Dautry, alors ingénieur adjoint à la Compagnie des chemins de fer du Nord et de l’architecte Gustave Umbdenstock inspiré par le mouvement des cités-jardins anglais et les doctrines du régionalisme qui prône la variété dans les types de logements.
Travail d’isolation thermique, de couverture, des sols... Menuiseries remplacées à l’identique, réouverture des porches, couleurs rouge, jaune, bleues et vertes caractéristiques restituées... Redistribution intérieure, reprise végétale des extérieurs et des clôtures: les maisons réhabilitées ont chacune mobilisé 116 000 euros pour renouer avec l’esprit historique du site. «Mais avec des logements dorénavant qualitatifs et économiques d’un point de vue énergétique», confie Romuald Sarraute.
De l’ancien au contemporain: une histoire de similitudes
Les typologies multiples et singulières des habitations anciennes ont inspiré les nouvelles constructions, bâties sur une partie du site «dont l’ensemble des terrains ont été classés, y compris ceux que nous avons investis pour élargir l’offre d’ICF Habitat Nord, indique Valérie Flicoteaux-Melling; ce qui nous a également amenés à travailler, sur cette partie, avec l’architecte des Bâtiments de France. Le travail sur la couleur, qui a permis de donner une unité aux nouvelles réalisations, comme l’implantation en quinconce et en décalé ont été repris. De la même façon, nous avons étudié les hauteurs d’étages pour caler nos nouvelles constructions dont certaines ont de grandes verticales pour ligne de rappel.»
Un travail d’observation acéré de la cité ancienne a rendu des lectures et réécritures modernes et harmonieuses, confrontant les cultures et tranchant parfois avec le passé. Notamment cette absence assumée de toitures, «celles qui constituent, dans leurs variations et leurs richesses, l’ADN des architectures de la cité du château», ajoute Valérie Flicoteaux-Melling. Afin de ne pas tomber dans le pastiche, le parti a été pris de concevoir, en effet, des bâtiments aux toitures plates. Un bardage de bois de couleur sombre installé tout en verticalité invite à une perception élancée des bâtiments et une labellisation BBC. Patrimoine réhabilité et constructions nouvelles se côtoient, se répondent et se confrontent ainsi dans une cité qui poursuit son histoire.
