Cap sur 2050 ! Principale innovation de l’édition 2023 de Jardins, Jardin, le Grand prix des petits jardins urbains s’adresse aux générations montantes. Cette nouvelle compétition répond à l’une des vocations de l’événement : « Servir de rampe de lancement aux jeunes professionnels », explicite Xavier Laureau, co-dirigeant des Jardins de Gally et co-fondateur du salon outdoor, aux côtés de son frère Dominique et des paysagistes Olivier Riols et Pierre-Alexandre Risser.
Hymne à la jeunesse
L’hymne à la jeunesse se déclinera par le cinéma : Jardins, Jardins assurera la promotion du film « La belle ville », une parabole de la transition désirable… En avril 2020 au sortir de leur école de management à Londres, Manon Turina et François Marques s’interrogent : « C’est quoi, la ville résiliente ? » Ainsi commence leur tour du monde de 60 initiatives urbaines sur le thème du vivant. Leur film sort en salles le 26 avril.
« Ce panorama rafraîchissant fait du bien. Il nous rappelle l’exigence sociétale de préparer la belle ville, en s’appuyant sur de jeunes ambassadeurs », commente Xavier Laureau. Dans un registre plus opérationnel, les candidats aux métiers de l’aménagement végétal retrouveront aux Tuileries le « Job Dating » orchestré par l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep). Ces dernières y récoltent de précieuses moissons de conversions professionnelles durables.
Bosquet d’innovations
Le renouvellement du Bosquet de l’innovation, sur la terrasse des Tuileries tournée vers la Seine, complètera l’orientation des projecteurs de Jardins, Jardin vers l’avenir : « Unique lieu parisien dédié aux jeunes designers, architectes et paysagistes, cet espace a surtout présenté jusqu’ici des prototypes. Cette année, les recherches s’orientent vers de nouveaux modes de production, autour du fil conducteur du potager », expose le scénographe Jules Levasseur, coordonnateur du bosquet, en écho au thème de l'édition 2023, centré sur "les jardins ressources".
Prenant le contrepied des « tendanceurs qui prétendent décider de l’avenir », Pierre-Alexandre Risser invite les jardiniers économes de demain à s’inscrire dans le temps long, à travers des plantations sobres : « Peu d’arrosage, pas de chimie, peu d’entretien, et des matériaux qui embellissent en vieillissant ». Xavier Laureau justifie ce parti : « La région parisienne fait partie des territoires qui souffriront le plus du réchauffement. Quand on plante en 2025 pour les générations qui viennent, on y pense ».
Dessilotage
Plus que jamais, les fondateurs du salon se présentent comme partie prenante de l’univers de l’aménagement et de la construction. En cours d’élaboration avec, entre autres, les participations des collectivités représentées par l’association Hortis et des professionnels de l’immobilier regroupés dans le Cibi (Conseil international Biodiversité et Immobilier), le programme de conférences reflètera cette volonté.
« Dessilotons ! », a martelé Xavier Laureau, ce 17 mars à la Cité de l’architecture et du patrimoine, un lieu fondateur de ce message répété à chaque édition des albums des jeunes architectes et paysagistes.
Bouygues Immobilier, l’ambassadeur
Incarnation de cette imbrication à Jardins, Jardin 2022, Bouygues Immobilier enfonce le clou en 2023. Le promoteur conçoit un nouveau jardin éphémère destiné à se pérenniser, illustrant deux caps communs au BTP et à la filière paysage : l’économie circulaire et l’urbanisme transitoire.
Des Tuileries, l’aménagement de l’édition précédente a atterri dans une friche du 7ème arrondissement de Lyon, où le président de la métropole Bruno Bernard l’a inauguré. En attendant la construction de logements et de bureaux sur ce site rebaptisé « La cité des halles » et autrefois exploité par les laboratoires Nexans, le jardin contribue à la réappropriation du lieu et à l’émergence de nouveaux usages.
Les restanques parfumées de Chanel
« Nous présenterons les résultats des mesures de température et de biodiversité de cette réalisation pionnière à Jardins, Jardin », annonce Olivia Conil Lacoste, directrice du développement durable de Bouygues Immobilier. Outre sa communication extérieure, le promoteur utilise l’événement pour mobiliser ses propres troupes : « 800 de nos collaborateurs sont venus en 2022. Ils deviennent les ambassadeurs enthousiastes de nos engagements pour les jardins nature, conçus avec des écologues et des paysagistes dans tous nos programmes », se réjouit Olivia Conil Lacoste.
Autre oeuvre emblématique du salon attendue en 2023, le jardin de Chanel célèbrera le mariage entre la fleur d’oranger et les restanques, support traditionnel des cultures méditerranéennes. Moteur d’une renaissance de la filière, le parfumeur s’engage dans la formation des élèves du Campus Vert d’Azur d’Antibes, qui redécouvrent le savoir-faire ancestral de la construction des murs en pierre sèche.
L’inconnue des JO
Sur le site de l’Etablissement public du grand Louvre, la dialectique entre l’éphémère et le durable fait partie de l’identité de Jardins, Jardins. Elle se pose avec une acuité particulière, à un an des jeux olympiques qui rendent impossible une 19ème édition aux Tuileries en 2024.
Forts d’une nouvelle équipe de professionnels de l’événementiel outdoor sous l’autorité de Christophe Vieux, commissaire général, l’équipe de fondateurs n’a pas tranché la question d’un déménagement provisoire ou d’un report à 2025.