Si elle ne cherche pas à concurrencer la célébrissime Biennale de Venise, la Biennale d’architecture et de paysage d’Ile-de-France - ou «BAP!» comme on l’appelle désormais affectueusement - continue de tracer son sillon pour interroger la ville de demain. «Elle s’appuie pour cela sur sa spécificité qui est d’associer paysage et construction dans une même réflexion globale», souligne François de Mazières, commissaire général de l’exposition et maire de Versailles (Yvelines), sa ville hôte.
Après «L’Homme, la nature et la ville» en 2019, «Terre et ville» en 2022, cette troisième édition sera donc consacrée à la quête d’une «Ville vivante» à l’heure du dérèglement climatique et de la raréfaction des ressources. «Si le contexte est grave et anxiogène, nous voulons rester optimiste, assure Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Cette troisième BAP sera donc porteuse d’espoir et de solutions à travers ses expositions, ses ateliers, ses débats !»
Température et climat
Cinq expositions socles baliseront la thématique centrale. Celle intitulée «Tout garder/tout changer. Réparer et prendre soin des villes», et présentée à l’Ancienne Poste, entend nourrir de nouveaux imaginaires positifs et créatifs à travers neufs récits illustrés par l’artiste Coline Hégron. Parmi les sujets abordés : la transformation de bâtiments existants, l’évolution du tissu pavillonnaire ou encore le risque d’inondation.
A l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles, il sera question de température avec «4° Celsius entre toi et moi». En 2100, la région parisienne pourrait vivre une situation climatique similaire à celle du sud de l’Espagne, du Mexique ou du Japon. «Nous vous invitons à explorer des solutions vernaculaires issues des latitudes plus chaudes, à découvrir des pratiques contemporaines qui y répondent déjà et à imaginer l’avenir des villes d’Ile-de-France adaptées à ce nouveau climat», propose l’architecte suisse Philippe Rahm, commissaire de cette exposition.
Un peu de fraîcheur justement avec «Nous… le climat», seule présentation prévue à ciel ouvert dans le Potager du roi, le berceau de l’école nationale supérieure de paysage de Versailles. Entre tomates et cerises royales, l’agence TER nous invite à comprendre le paysage comme levier d’action face aux bouleversements climatiques. Cela autour d’une table champêtre de 300 mètres traversant le potager dans toute sa longueur. Rappelons que le Potager du roi a été conçu à l’origine comme une machine agro-climatique captant la chaleur...

Outre son cadrage inédit sur le château de Versailles, la structure en bois de la «Petite Agora de la Métropole du Grand Paris», conçue par l’architecte Jean-Christophe Quinton, accueillera les visiteurs de la BAP dans un auditorium de 150 places.
Végétation et agora
Au musée Lambinet, le paysagiste Bas Smets propose lui carrément de «Changer les climats», selon l’intitulé de son exposition, et de «repenser nos villes comme des écologies urbaines». Le commissaire conseille «d’intégrer la végétation dans le tissu urbain en tant qu’agent de changement». Une grande maquette des abords de Notre-Dame de Paris présentera notamment un ensemble de solutions climatiques envisagées dans le cadre de la réfection du parvis de la cathédrale, dont il a la charge depuis 2022.
Conçue en bois massif par l’architecte Jean-Christophe Quinton, la «Petite Agora de la Métropole du Grand Paris» sera davantage un lieu d’échanges qu’une exposition traditionnelle. Ce pavillon en lamellé-cloué viendra se poser sur l’avenue de Paris pour cadrer le château de Versailles dans une belle horizontale et les cimes de l’allée arborée qui longe les anciennes écuries dans une surprenante verticale. Entre les deux, 150 places pour débattre sur l’architecture, la ville et le climat.
Bien d’autres événements rythmeront cette troisième biennale, notamment les expositions photographiques «Versailles avant-après 2010-2030», «Transformations et innovations en Ile-de-France», «Quand la ville dort!», «Panorama renouveau des lycées franciliens», «De nouveaux quartiers où il fait bon vivre en Ile-de-France» ou encore «La région protège et valorise son patrimoine».