L’opposant aux permis de construire extorquait les promoteurs

Un marchand de biens marseillais a reçu plus de 2,2 M€ en échange du retrait de 19 de ses recours contre des permis de construire.

Le Vieux-Port de Marseille.
Le Vieux-Port de Marseille.

Sa cible officielle : les immeubles « moches » qui devaient sortir de terre. Sa cible réelle : les poches des promoteurs immobiliers. Un gérant de sociétés marseillais a été condamné ce mardi 26 octobre à trois ans de prison ferme pour extorsions et tentatives d’extorsion de promoteurs immobiliers entre 2010 et 2015 en multipliant les recours contre les permis de construire.

13 entreprises à dédommager

Gérard Haddad, 55 ans, a été reconnu coupable d’avoir négocié le retrait de ses recours contre des sommes très importantes. Il est condamné à une amende pénale de 45 000 € et doit, même en cas d’appel, immédiatement dédommager 13 sociétés immobilières en leur versant un total de près de 3,4 M€ de dommages et intérêts. Il est définitivement interdit d’exercer une profession commerciale ou industrielle.

Le tribunal s’est montré plus sévère que le parquet qui avait requis une peine de quatre ans de prison dont deux ans assortis d’un sursis probatoire. Il a écarté l’idée, défendue par la défense, d’un David, soucieux de lutter contre la défiguration de Marseille par les opérations immobilières, contre un Goliath incarné par de puissants promoteurs immobiliers.

Si un recours administratif ne bloque pas la construction, « Gérard Haddad ne pouvait ignorer, en tant que marchand de biens, que dès lors qu’un permis est attaqué, cela pose des difficultés pour obtenir les concours et garanties bancaires », a estimé le tribunal.

Protocole transactionnel dans un cabinet d’avocats

Un grand nombre de procédures intentées par Gérard Haddad et par son frère Albert Haddad, un médecin généraliste décédé en juillet dernier, avaient été écartées par le tribunal administratif mais plusieurs entreprises avaient fait le choix de signer un protocole transactionnel dans le cabinet de leurs avocats.

Le juge d’instruction avait recensé 19 protocoles leur ayant rapporté plus de 2,2 M€. « Beaucoup transigeaient avec vous dans des conditions de contrainte morale », a observé le tribunal.

Lors de l’audience le 23 septembre, Gérard Haddad s'était présenté comme une sorte de Robin des Bois défenseur de Marseille. « Vous avez vu ces constructions neuves comme elles sont moches », avait-il lancé. Le patrimoine immobilier de la « sphère Haddad » a été estimé à plus de 7 M€.

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