Reconstruire l’Italie et bâtir son futur. C’est l’objectif du plan de relance présenté par le Président du Conseil, Mario Draghi pour relever l’économie transalpine en ruines avec une récession de 9% suite à la pandémie. La péninsule, l’une des plus durement frappée en Europe aussi bien en nombre de victimes que d’effondrement du PIB, sera la principale bénéficiaire du plan européen Next Generation EU.
Mario Draghi dispose ainsi de 221,5 milliards d’euros : 191,5 milliards de subventions et prêts octroyés par Bruxelles auxquels s’ajoute un fonds national de 30 milliards. Il servira à financer les projets qui ne remplissent pas les exigences de la Commission et seront mis en oeuvre au-delà de l'horizon 2026 qu’elle a fixé.
Relancer les chantiers
Traditionnel fer de lance de la croissance économique, le secteur de la construction et des infrastructures se verra allouer 51% des 221,5 milliards d’euros de ce « Piano Nazionale di ripresa e resilienza » (PNRR, voir encadré), soit 113 milliards d'euros, avec à la clé la création de près de 120.000 emplois d'ici 2025.
« C’est bien plus que l’Espagne avec 32%, la France avec 22% ou encore l’Allemagne entre 20 et 25% » s’est félicitée dans un rapport l’association italienne des constructeurs. « C'est un choix qui va enfin dans le bon sens, celui de la croissance et de l'emploi », estime l’ANCE en rappelant que« chaque milliard d'euros investi dans la construction peut, en effet, activer 3,5 milliards et générer 15 500 emplois. »
Le plan national de reprise et de résilience italien est divisé en six grandes missions : la « numérisation (49,2 Mds €), l'éducation et la recherche (32 Mds €), la cohésion sociale (22,4 Mds €), la santé (18,5 Mds €) et les infrastructures (31,4 Mds €). 68,6 milliards d'euros seront destinés à une « révolution verte » qui ambitionne le recyclage de 65 % des déchets plastiques ou encore le renouvellement de la flotte des transports publics.
29 commissaires dotés de pouvoirs spéciaux ont été nommés par le gouvernement pour relancer 57 chantiers d’une valeur de 83 milliards d’euros. De l'entretien du réseau autoroutier à la construction de nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse comme la Naples/Bari en passant par la construction d'hôpitaux ou la rénovation de bâtiments scolaires selon les critères écologiques, « le gouvernement mise sur les infrastructures » salue la presse transalpine.
Simplification administrative
Le ministre des infrastructures et de la mobilité durable, Enrico Giovannini assure que les mesures bureaucratiques qui entravent habituellement ces chantiers avec une durée de 15 ans en moyenne seront allégées pour réduire les délais à 5/6 ans pour ceux de dimensions moyennes. « Les réformes sont fondamentales, a insisté Mario Draghi. Aussi bien pour appliquer le plan de manière plus rapide et efficace mais aussi pour surmonter les faiblesses structurelles qui ont trop longtemps ralenti notre croissance. »
Celle du PIB de l'Italie n'a été que de 7,9 % entre 1999 et 2019, contre +30,2 % en Allemagne, +32,4 % en France et +43,6 % en Espagne.
D'ici au mois de juillet, le gouvernement lancera cinq chantiers de réformes en commençant par celui de la simplification de la fiscalité et du droit à la concurrence pour favoriser les investissements. Suivront les réformes de modernisation de l'administration publique et de la lutte contre la bureaucratie mais surtout de l'amélioration des délais de la justice.
Le ministère de l'Economie estime que les mesures annoncées auront un effet positif sur la croissance de 3,6 % d'ici à 2026 et créera directement 750.000 emplois d'ici à 2024.