L’isolation par la paille prend son essor

Deux opérations, dans les Vosges, totalisant quatorze logements, dont quatre locatifs sociaux, illustrent les atouts de la paille dans la construction. La filière s'engage dans des process industriels.

Image d'illustration de l'article
Isoler avec de la paille

Le Toit Vosgien réceptionnera, mi-juin, un bâtiment en bois, isolé par de la paille , à Gerbépal (Vosges). Les quatre logements seront conformes aux exigences du label allemand Passiv Haus. En mariant pompe à chaleur et poêle à bois, le coût énergétique d'un logement de 74 m2, isolé par la paille , peut descendre jusqu'à 112 euros par an.

« Les qualités thermiques d'un mur isolé par 40 cm de paille équivalent à celles d'un mur de 20 cm de polystyrène, avec les avantages d'un matériau renouvelable produit localement », précise Jean-Luc Charrier, directeur technique du bailleur social de Saint-Dié.

Au sol, l'isolation par un radier sur un lit de billes de verre limite l'usage du béton au minimum requis par la réglementation parasismique. Sous les combles, 50 cm de ouate de cellulose complètent l'étanchéité du bâtiment compact conçu par Colin architecture. « Nous attendons d'ici à l'été les arrêtés de certification des systèmes de fixation de la paille dans la charpente », précise Vincent Coliatti, ingénieur de Terra Energie. Dans le cadre très strict du logement social, ce bureau d'études a mis au point avec le Critt bois un système de vis permettant de fixer la paille dans les poutres.

Ecoconstruction industrielle

Terra Energie mène conjointement un programme de dix maisons passives porté par l'association Ecolline à Saint-Dié. La plus grande taille de cette opération justifie, pour certaines maisons, un début d'industrialisation de la construction : avant le chantier, le charpentier enferme la paille compressée dans des caissons. « Les deux techniques offrent des résultats équivalents sur le plan de la performance énergétique », remarque Laurent Bone, l'architecte du projet partiellement réalisé en autoconstruction.

Comme le Toit Vosgien, l'association a prévenu l'humidité de la paille en l'installant par l'intérieur, une fois les murs et la toiture achevés. Dans les deux cas, la coordination entre l'étancheur et le fournisseur de paille constitue la clef de voûte de la réussite.

« Cela exige beaucoup de réactivité, mais comme nous n'utilisons pas de joints en PVC, nous y gagnons sur le plan de la santé des ouvriers », estime François Petit-demange, gérant de TAE, PME en charge de l'étanchéité sur ce chantier. L'expérience a conduit l'architecte à assumer une fonction pédagogique : « La plupart des artisans ne connaissent pas ces matériaux. Ils doivent remettre en cause leurs habitudes de travail et apprendre à mieux collaborer entre les différents corps de métiers, car les normes de la maison passive ne laissent pas beaucoup de place à l'erreur. Il en va de même pour les autoconstructeurs désireux de s'impliquer dans un projet environnemental ambitieux. »

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires