Quelle est le cœur d'activité d'Hamosphère-coopération ?
Hamosphère-coopération est à la fois un facilitateur de projets et un aménageur coopératif sur le territoire de la région Pays-de-la-Loire. Composé d'une association et d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), il accompagne les acteurs locaux dans leur projet d'aménagement, en utilisant deux leviers : la réversibilité et la coopération. Hamosphère réalise des missions d'accompagnement, des études de pré-figuration (technique, juridique et réglementaire) pour des projets d'utilité sociale, environnementale et économique, en lien avec des partenaires techniques et institutionnels. La SCIC Hamosphère peut être amenée à participer au financement des projets accompagnés, par levées de parts sociales coopératives.
Quelle est votre conception de la réversibilité en matière de bâti ?
Les approches contemporaines de la réversibilité en matière de politiques urbaines et de bâti privilégient une réversibilité tournée vers la mutabilité de l'immeuble dans le temps. La conception de la réversibilité d'Hamosphère s'attache, au-delà de l'adaptabilité de l'immeuble, à considérer le sol comme porteur de biodiversité et bien commun de l'humanité. Cela suppose une capacité de retour à l'état initial : du retrait du bâti et autres aménagements à la remise en état environnementale du terrain d'implantation (voire sa valorisation). Cette approche éco-systémique de la réversibilité doit permettre de minimiser, en amont d'un projet d'aménagement, le coût de la remise en état environnementale en faveur de la biodiversité et des sols, de favoriser la démontabilité ou la capacité de déplacement du bâti, l'autonomie des réseaux, l'utilisation d'éco-matériaux (réutilisation, recyclage). Les études préliminaires réalisées amènent à la création d'un cahier des charges de réversibilité à destination de la maîtrise d'œuvre et maîtrise d'ouvrage. La structure travaille également sur la création d'un label destiné à accompagner le projet d'aménagement réversible.
Sur quels types de projets intervenez-vous ?
Hamosphère intervient aujourd'hui principalement en milieu rural ou périurbain. La structure est sollicitée par des collectivités, par des particuliers ou collectifs d'habitants en matière de logement, par des entreprises ou agriculteurs pour leur lieu d'activité. Au-delà des enjeux environnementaux d'un territoire (en zone inondable par exemple), l'approche d'Hamosphère permet de répondre à des problématiques d'ordre économique ou juridique spécifiques, du fait de la nature démontable, déplaçable du bâti : plus de garantie auprès des banques, dissociation de la propriété du bâti de celle du sol (superficiaire/ tréfoncier), réduction des friches, etc.
En quoi votre approche de la réversibilité en matière d'aménagement et de bâti apporte une solution complémentaire dans la lutte contre l'obsolescence d'un bâtiment ?
Notre approche de la réversibilité intègre les capacités de changement de destination du bâti en fonction des besoins mais favorise également son déplacement pour une utilisation sur un autre territoire. Par exemple, une salle de classe peut être démontable pour ensuite être réutilisée dans une autre école d'une intercommunalité. Cette approche novatrice a permis d'initier une nouvelle conception urbanistique adaptée aux besoins changeants de la population en matière d'habitats, de services, etc. : la flexibilité d'aménagement sur les territoires.
Hamosphère a, par exemple, participé à la création, sur la commune nouvelle de Montrevault-sur-Evre (Maine et Loire), d'un secteur en zonage 1AUrj (réversible sur jardin) et d'une orientation d'aménagement et de programmation (OAP) réversible, inscrits au sein du nouveau plan local d'urbanisme (PLU). L'objectif est de favoriser sur ces terrains spécifiques les transferts et évolutions du bâti en fonction des besoins de la commune déléguée tout en garantissant la possibilité de retour à l'état de jardins. De plus, sur ce secteur, plusieurs projets de co-habitats seniors réversibles, sont à l'étude à l'échelle de la communauté de communes nouvelles, favorisant les transferts de bâtis entre les sites.
En somme vous avez su traduire les pratiques en matière de bâti modulaire en stratégie d'aménagement tout en intégrant la préservation de l'environnement ?
Au-delà, cette conception de la réversibilité a amené à créer de nouveaux outils juridiques et économiques. Dans ses études préliminaires, Hamosphère accompagne par exemple la création de structures coopératives permettant de financer le bâti réversible par des levées de parts sociales (ex : société civile immobilière coopérative). L'usage coopératif peut apporter, selon Hamosphère, une garantie supplémentaire de réversibilité.
Et qu'en est-il des normes, du savoir-faire, cela doit augmenter sensiblement le coût de la construction au m² ?
Aujourd'hui le savoir-faire technique est déjà opérationnel (ex : pieux vissés de fondations, écoconstruction modulaire, équipements et systèmes autonomes, etc. ). Les normes de construction ne posent pas de réelles difficultés, dans la mesure où la conception du système constructif est flexible et évolutif, et permet donc l'adaptabilité. Le coût de la construction au m² est quasiment le même que le coût de l'écoconstruction classique : entre 1600 et 2000 euros/m² HT en moyenne hors frais annexes. Les difficultés restent liées au droit de l'urbanisme, et plus particulièrement aux procédures de permis de construire, de démolir, aux taxes inhérentes, sans compter les résistances culturelles !
Dans quelle mesure la conception de la réversibilité d'Hamosphère peut-elle s'appliquer en milieu urbain, et de manière plus large ?
Hamosphère a commencé à élargir son champ d'action par son accompagnement à la création de « zones d' activités réversibles ». De futures expérimentations en dents creuses d'agglomération sont à imaginer pour des temporalités variables selon les projets à venir. Également, à titre personnel, je prépare actuellement un doctorat en droit dans l'optique d'intégrer la réversibilité comme outil de l'aménagement du territoire de demain.
