"L'ingénierie indépendante est en situation de faiblesse"

Trois questions à Jean-Noël Chapulut et Jean Durand, ingénieurs généraux des Ponts et Chaussées, auteurs d’un rapport sur "l’ingénierie des infrastructures de transport et de génie civil" qui vient d’être rendu public.

Quelle est la spécificité de l'ingénierie française?

En France, nous avons une ingénierie de spécialité plus que de management de projet. C'est historique : notre maîtrise d'ouvrage publique est dotée d'une forte maîtrise d'œuvre intégrée et nos entreprises de travaux jouent le rôle d'ensemblier. La France est le pays développé où l'ingénierie indépendante est dans la situation la plus faible vis-à-vis des entreprises de travaux très puissantes et du secteur public qui dispose de ses propres outils. Mais l'évolution actuelle de la maîtrise d'ouvrage publique française devrait nous rapprocher du marché international où l'ingénierie est mise en concurrence.

Quelles sont les autres évolutions actuelles?

La séparation de la maîtrise d'ouvrage et de la maîtrise d'œuvre; l'ingénierie indépendante qui cherche plutôt des développements dans les régions françaises; les nouvelles formes contractuelles (le partenariat public-privé); le développement de l'ingénierie du risque (technologique et naturel), figurent parmi les évolutions actuelles marquantes que nous soulignons dans notre rapport.

Quelles recommandations adressez-vous à l'Etat?

L'Etat est actionnaire des maisons mères d'Egis et Systra. Il est légitime pour définir certaines contraintes majeures de gestion et demander que des règles notamment de bonne gouvernance soient appliquées. L'incertitude stratégique dans laquelle ces deux entreprises sont maintenues est un handicap. Concernant l'ingénierie indépendante, une étude spécifique sur les conditions d'assurance est nécessaire pour allez vers une meilleure adéquation entre les missions et les responsabilités.

Par ailleurs, l'Etat maître d'ouvrage doit montrer l'exemple dans le choix des équipes d'ingénierie pour favoriser la qualité. Notamment lorsque les techniques employées sont originales. Enfin, des lieux où les compétences techniques, la recherche, la notoriété de la technologie française sont rassemblées doivent être soutenus ou recréés.

Propos recueillis par Maxime Bitter et Dominique Errard

Plus d’informations dans le "Moniteur" du 25 novembre.

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