L'impact des sécheresses sur les bâtiments multiplié par quatre en cinq ans

Une étude menée par le groupe d'expertise Saretec met en lumière la multiplication des sinistres liés au retrait-gonflement des argiles. Un phénomène qui s'étend à des territoires jusque-là épargnés, comme l'est et le centre de la France, sous l'effet du changement climatique.

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Les désordres provoqués par les sécheresses apparaissent principalement sur les façades.

C'est la première étude à évaluer sur une échelle aussi large l'impact du phénomène de retrait-gonflement des argiles provoqué par les sécheresses. Le groupe d'expertise Saretec a analysé plusieurs dizaines de milliers de sinistres pris en charge par ses équipes durant la dernière décennie. Ses conclusions sont sans appel : sous l'effet du changement climatique, le phénomène touche des régions jusque-là épargnées, et son impact économique explose.

Les sécheresses remontent au nord

"L'une des raisons qui nous a poussé à réaliser cette étude est la relative méconnaissance du mécanisme des sécheresses par les propriétaires immobiliers, mais aussi par un certain nombre de collectivités locales. Les cartographies d'exposition au retrait-gonflement des argiles n'ont été mises à jour que récemment : le phénomène touche désormais des bâtis qui n’ont pas été conçus pour faire face à des événements climatiques de ce genre", résume Jean-Vincent Raymondis, président du groupe Saretec.

Depuis 2016, les arrêtés sécheresses, indispensables à la prise en charge des sinistres, ont majoritairement touché des territoires situés dans le centre (Puy-de-Dôme, Cher) et l’est de la France (Moselle, Meurthe-et-Moselle). L'étude Saretec met aussi en évidence un allongement du phénomène sur l'année : les sécheresses n'interviennent plus seulement l'été, quand les températures sont les plus élevées et les pluviométries les plus faibles, mais aussi au printemps.

Les maisons individuelles en première ligne

Au total, sur la période 2016-2020, le coût annuel moyen des sinistres liés au retrait-gonflement des argiles a quadruplé, à 885 millions d'euros contre 231 millions d'euros sur les quinze années précédentes. Plus de 70 000 dossiers font chaque année l'objet d'une indemnisation par les assurances. "Les années sans vague de sécheresse, comme 2021, deviennent l’exception", pointe Jean-Vincent Raymondis. 

Dans 90 % des cas, les bâtiments touchés par le mécanisme du retrait-gonflement des argiles sont des maisons individuelles : un facteur aggravant concerne la présence d'une ou plusieurs extensions, qui créent des zones de fragilité à la jonction avec l'habitation principale. Les désordres apparaissent principalement sur les façades (à 45 %) à l’extérieur d’un bâtiment, et sur les murs (34 %) et sols (24 %) à l’intérieur.

Des mesures de prévention individuelle

L'étude Saretec s'intéresse aux sinistres intervenus dans le cadre d'arrêtés de catastrophes naturelles. Or la hausse des températures a d'autres impacts qui ne sont pas couverts par le cadre légal actuel, comme les déformations des matériaux de construction (ossatures métalliques ou charpentes en bois par exemple). "Seulement un tiers des demandeurs sont indemnisés. Ce constat est de nature à nous alerter sur l'évolution du régime des catastrophes naturelles, actuellement en cours au Parlement : il doit aussi inciter à généraliser des mesures de prévention individuelle", insiste Jean-Vincent Raymondis.

Parmi les solutions qui limitent l'exposition au retrait-gonflement des argiles, deux concernent la gestion des eaux pluviales. Une première mesure est de les canaliser loin du bâti, une autre d'utiliser les terrasses et les bordures pour éloigner la pluviométrie des façades. Il faut aussi limiter la présence de végétaux à proximité immédiate des maisons, à commencer par les arbres dont les racines peuvent agir comme des pompes et favoriser l'arrivée des eaux pluviales dans les sols argileux.

Des réparations coûteuses en carbone

Une fois le sinistre survenu, les travaux incluent dans un cas sur deux des reprises en sous-œuvre, avec des réparations très coûteuses : jusqu'à 200 000 euros pour la création de micropieux et la reprise du second œuvre associée. "Ce sont aussi des mesures très émettrices de gaz à effet de serre. Il y a un enjeu à définir des solutions techniques plus sobres en carbone, par exemple avec les essais en cours sur la réhumidification des sols qui permettent de restabiliser le bâti", conclut Jean-Vincent Raymondis.

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