Sous la houlette de Bouygues Immobilier, la transformation du site de l’Hôtel des Postes à Strasbourg (Bas-Rhin) connaît en ce début d’été une phase haute de son gros œuvre. Le groupe de promotion a confié ce dernier à Bouygues Bâtiment Nord-Est, en entreprise générale pour l’essentiel du programme consistant en la réhabilitation de 17 500 m2 en habitat et tertiaire, et en lot séparé pour les 1 800 m2 neufs de bureaux.
L’opération représente un montant de 34 millions d’euros HT de travaux dont l’achèvement est prévu en trois temps, entre le second semestre 2022 et la fin du premier trimestre 2023. Cent logements (62 en accession, 18 en locatif social par le bailleur strasbourgeois Habitation Moderne et 20 en démembrement de propriété avec Perl et Habitation Moderne), 2 400 m2 de bureaux en neuf et réhabilitation, une brasserie et un parking souterrain de 120 places environ investiront l’ensemble bâti caractéristique de l’architecture allemande d’inspiration néogothique et appliquée à la « Neustadt » de Strasbourg entre 1870 et 1918, en venant rejoindre un bureau de poste qui assurera sur place le lien entre son passé récent et son avenir. Un passage est aménagé pour la traversée piétonne du site qui était refermé sur lui-même.
Recensement par le BIM
Pour opérer la transition la plus douce possible entre passé et futur, le BIM a joué un rôle essentiel. La modélisation 3D, pilotée en particulier par le bureau d’études Serue Ingénierie au sein de la maîtrise d’œuvre conduite par l’agence Weber & Keiling, « a procuré une vision très exhaustive des structures. Ella a ainsi permis de planifier et localiser un passage des fluides à l’impact minimal sur le bâtiment [datant de 1899, NDLR] », souligne Arnaud Berger, directeur des opérations de la région Est de Bouygues Immobilier. « Les éléments patrimoniaux remarquables ont tous ont été conservés, par exemple les croisées d’ogives et les fresques sur les façades », ajoute-t-il.

Les éléments patrimoniaux remarquables ont été conservés, par exemple les croisées d’ogives. © Weber & Keiling
Une intervention particulière se déroule dans les airs jusqu’à la fin de cette année : le projet comprend la reconstitution du clocher à quatre pans d’origine, de façon à lui faire abriter les antennes de télécommunications qui incarnent l’histoire plus contemporaine de l’Hôtel des Postes. Dans ce but, la tour existante a été écrêtée d’un niveau afin de dégager l’espace pour aménager cette toiture-clocher située à 45 mètres de hauteur, sur la charpente de laquelle les antennes viendront se fixer.
Les surfaces neuves, quant à elles, se parent d’un mur-rideau vitré qui intègre des brise-soleil orientables, de façon à créer une façade " respirante ", protectrice des effets excessifs du soleil.

La partie neuve s’enveloppera d’un mur-rideau vitré. © Weber & Keiling
Réemploi
Outre le BIM, la restructuration de ce patrimoine de la fin du XIXe siècle s’ancre dans le XXIe sur un autre point : sa « forte démarche écocirculaire », relève Arnaud Berger. Elle vaut au chantier d’être lauréat 2020 de l’appel à projets région Grand Est - Ademe (programme Climaxion) pour la valorisation des déchets du BTP.
Le réemploi sur site ou hors site de portes, menuiseries extérieures, huisseries, radiateurs et autres matériels se veut le plus systématiquement possible en fonction de l’état, il s’accompagnera parfois d’un changement d’usage, par la réaffectation par exemple de certaines fenêtres en cloisons et de portes de bureaux en ouvertures pour les appartements. Ceux-ci afficheront des tarifs au top du marché local voire records, à 7 500 euros TTC le mètre carré.