Sur le stand Nemetschek du salon BIM World, Yves Padrines, président du fournisseur de logiciels, a le sourire. De fait, l’année 2024 a été excellente avec + 17,1 % de croissance du chiffre d’affaires et un Ebitda supérieur à 30 %. « Nous sommes côtés en bourse en Allemagne où nous arrivons en deuxième place derrière SAP », indique-t-il. Dans le détail, le groupe a augmenté son CA de 14 % rien qu’avec la croissance organique. Les 3 % supplémentaires sont dû à l’acquisition de l’américain GoCanvas, société basée à Washington DC spécialisée dans le « field management », autrement dit des logiciels qui centralisent gestion des tâches, des plannings, des ressources sur une seule plateforme.
« Ce rachat complète les services de notre solution BlueBeam très utilisée dans les bureaux pour le partage et l’annotation de fichiers pdf en particulier », précise le dirigeant. Les 350 000 utilisateurs du logiciel américain vont donc s’ajouter aux 3 millions d’aficionados de BlueBeam, « mais surtout nous allons développer GoCanvas pour nos clients européens », précise Yves Padrines.
Côté présence à l’international, l’entreprise familiale basée à Munich (Allemagne) réalise 49 % de son CA en Europe et le reste en Amérique du Nord, leur deuxième marché grâce à BlueBeam. L’objectif désormais est de développer le marché asiatique avec une première ouverture en Inde l’an dernier.
Chiffre d’affaires récurrent
Il y a trois ans, moins de 60 % des utilisateurs étaient abonnés. Un chiffre qui devrait passer à 90 % en 2025. « Nous sommes passés à ce modèle de façon graduelle, par produit et par marque », ajoute Marc Nezet, directeur de la stratégie du groupe. Non seulement, cette transition douce a évité une baisse du chiffre d’affaires, mais elle a aussi assis la confiance des marchés boursiers, puisque le court a doublé ces 24 derniers mois, se félicitent les dirigeants.
Pour inciter les futurs clients à recourir à ses logiciels, le groupe cite les mêmes chiffres que la plupart des éditeurs : 40 % des émissions de CO2 sont imputables au secteur de la construction. 90 % des projets sont en retard ou hors budget in fine. Yves Padrines ajoute deux chiffres : 41 % de travailleurs de la construction seront à la retraite d’ici 2030 et le secteur aurait besoin de 7 millions de personnes supplémentaires dès aujourd’hui. Selon lui, « la numérisation constitue le moyen de devenir plus productif, plus efficient et plus durable ». Un discours qui semble convaincre ses utilisateurs, des PME pour 75 % d’entre eux : « En Allemagne, on compte 42 000 agences d’architecture avec trois salariés au maximum. Le cas français avec des majors qui dominent le marché constitue une exception. »
Des fonctionnalités étoffées grâce à l’IA
En toute logique, les innovations sont donc pensées avant tout pour répondre aux besoins des petites entreprises. Les développements qui utilisent l’intelligence artificielle ne font pas exception. « Nous l’avons annoncé sur le salon BAU en début d’année le lancement d’un assistant IA, dont les fonctionnalités ont été mises au point grâce à notre base de données issue de trente ans de services clients », reprend Marc Nezet. Ce « super assistant » utilise désormais un prompt pour montrer les vues en coupe des murs de structure ou pour vérifier la compatibilité du plan avec les réglementations pour les personnes à mobilité réduite (PMR), par exemple. De même, un prompt suffit ensuite à automatiser les modifications. Si cette version béta est en cours de test chez certains clients, le lancement commercial devrait avoir lieu à la fin du deuxième trimestre pour le logiciel Archicad, puis pour Allplan et Vectorworks plus tard dans l’année.
Nemetschek commercialise depuis un an sa solution de jumeau numérique « DTwin ». Conçue pour les bâtiments uniquement, elle sert à deux principaux cas d’usage : la maintenance prédictive et la baisse des consommations d’énergie.
Territorialité de la donnée
Quant au contexte international du moment et les questions des utilisateurs sur la conservation et l’usage de leurs données. Marc Nezet constate que les clients sont à la recherche d’une gouvernance plus européenne et globalement beaucoup de questions sur ces sujets. Les interrogations stratégiques concernent la territorialité de la donnée avec des serveurs Amazon Web Service (AWS), de colocation ou même des cloud privés. Pour y répondre, Nemetschek se montre « multi cloud » et décline ses solutions d’abonnement en format hybride, aussi bien dans le cloud que sur les ordinateurs de ses clients (on premise).
